Une femme analysant des données sur plusieurs écrans d'ordinateurs.
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La pandémie a rendu difficile l’estimation des profits des fonds de placement immobilier (FPI), dit Trevor Bateman, analyste en crédit dans l’équipe de recherche en revenu fixe et gestion de portefeuille à Gestion d’actifs CIBC.

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« Quand l’emploi est en hausse, c’est habituellement bon pour la croissance économique et donc pour les loyers et les taux d’occupation des propriétés commerciales. Mais tous les FPI n’en profiteront pas de façon égale ; tout dépend de leur catégorie », observe Trevor Bateman.

L’expert s’attarde sur le cas des espaces de vente au détail, qui ont beaucoup souffert de la pandémie.

« Nous manquons de visibilité en ce début d’année sur les profits des détaillants dits non-essentiels après les fermetures liées à la COVID-19. Nous sommes encore dans le flou quant à l’impact sur les résultats financiers des FPI », avoue Trevor Bateman.

Il note que les taux de collecte des loyers ont chuté dans cette catégorie de propriétés à louer, et que s’ils ont repris à l’automne, il ne serait pas surpris de les voir reculer à nouveau dans les chiffres du quatrième et premier trimestre.

En plus des fermetures obligatoires, les détaillants subissent la concurrence croissante du commerce électronique.

« Je m’attends à ce que le magasinage en ligne demeure à des niveaux élevés en 2021 et au-delà. Cela aura un effet négatif sur le marché de la location, car les détaillants auront moins besoin d’espace physique. Cette tendance existait déjà avant la pandémie, mais celle-ci l’a accélérée », dit Trevor Bateman.

Plusieurs FPI canadiens ont récemment réduit leurs distributions aux investisseurs, comme First Capital Realty (-50 % en janvier 2021) et RioCan (-33 % en décembre 2020). Selon l’expert, cela est dû en partie à des projets de développement qu’ils souhaitaient pouvoir financer sans compromettre leurs états financiers.

« Un autre secteur fortement touché est celui des établissements pour personnes âgées, dont les taux d’occupation ont chuté. Jusqu’à ce que tous leurs résidents et leur personnel soient vaccinés, les taux vont sûrement rester bas », poursuit Trevor Bateman.

« Dans les espaces de bureaux, les effets de la pandémie vont prendre du temps à se révéler. On a vu les taux de vacance dépasser 7 % à Toronto en fin d’année contre 2 % douze mois auparavant, et la croissance des revenus est passée de 3 % à 1,8 %. Mais l’industrie partait d’une position très forte avec de solides états financiers. Les baux ne prendront pas tous fin en 2021, mais sur plusieurs années, et les locateurs ont le temps de s’adapter », croit l’expert.

Le secteur industriel, quant à lui, est le grand gagnant (ou moindre perdant) de la pandémie avec des taux de collecte encore très près de 100 %, note-t-il. Il a aussi profité de la croissance du commerce électronique, qui requiert des espaces logistiques importants à proximité des centres urbains pour effectuer rapidement les livraisons aux consommateurs.

Il s’attend à « seulement » cinq milliards de dollars en nouvelles émissions d’obligations dans le marché primaire, soit une baisse par rapport à 2020, ce qui pourrait aider les écarts de crédits à se resserrer.

« Les FPI ont été très perturbés quand la pandémie est survenue et leurs écarts ne se sont pas rétablis autant que dans d’autres secteurs d’activité ; ils demeurent légèrement plus larges. Une fois que nous aurons une meilleure visibilité sur les FPI du domaine de la vente au détail, nous pourrons voir ces écarts se resserrer dans l’industrie en général. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.