Un feu de signalisation vert sur un fonds de ciel bleu.
adventtr / iStock

Les perspectives sont encourageantes pour les obligations de sociétés, même si certains risques demeurent, note Patrick O’Toole, vice-président, titres à revenu fixe mondiaux, Gestion d’actifs CIBC.

Cliquez ici pour entendre l’entrevue complète en baladodiffusion sur Gestionnaires en direct, de la CIBC

Patrick O’Toole constate que dans l’année menant au 31 mai 2021, les obligations de sociétés ont généré 2,6 % de rendement, contre -4,4 % pour celles du fédéral et -3,5 % pour celles des provinces. Les titres de sociétés ont donc été les grands gagnants de la catégorie, notamment en raison d’importants profits qui ont permis à de nombreuses entreprises de refinancer leurs dettes. Même si dans les douze prochains mois, cette surperformance pourrait s’atténuer, les sociétés profiteront de la croissance économique, qui devrait être vigoureuse, analyse l’expert de Gestion d’actifs CIBC.

« On n’a pas vu ça depuis la période inflationniste des années 80. La conjoncture demeure positive pour les sociétés canadiennes et américaines, et cela va se refléter sur leurs obligations, qui vont continuer d’offrir de meilleurs rendements que les titres souverains. Il y a toujours le risque de défaut, mais celui-ci n’est pas un danger dans cette catégorie investissement. Peut-être plus dans la catégorie haut rendement, et encore, on vient d’apprendre que les projections de défaut de JP Morgan sont tombées à 0,6 % dans cette catégorie pour cette année, avec un taux de défaut moyen à long terme de 3,6 %. Et en 2022, les experts prévoient encore un taux faible de 1,25 %. Il n’y a donc vraiment pas de quoi s’inquiéter », rassure-t-il.

Selon lui, cette résilience n’est pas surprenante étant donné le contexte.

« Beaucoup d’entreprises ont profité des faibles taux pour refinancer leurs dettes, ce qui a repoussé leur échéance moyenne, réduisant ainsi le risque de défaut. De plus, les gouvernements les ont beaucoup soutenues pendant la pandémie. Les défis pourraient davantage survenir en 2022 et 2023 si la croissance ralentissait fortement et que les sociétés devaient refinancer des obligations », observer Patrick O’Toole.

« Nous voyons aussi des rapports dettes/capitaux au plus bas parmi les sociétés non financières américaines, sur un historique de données qui remonte à 65 ans. Enfin, beaucoup d’entreprises ont amassé énormément de liquidités, et ce, à des niveaux records si on se fie à celles de l’indice S&P500 », continue-t-il.

Dans ce contexte, il ne faut pas hésiter à s’exposer au haut rendement, bien qu’il soit tout de même nécessaire de diversifier et de bien sélectionner les sociétés, conseille-t-il.

QUATRE RISQUES QUI PERSISTENT

Malgré son optimisme, l’expert rappelle qu’il « y a toujours certains risques » avec les obligations de sociétés. Il en voit actuellement quatre.

Le premier serait de voir l’économie ralentir brutalement, ce qui pourrait arriver à la fin 2022. D’ici là, il entrevoit une croissance du PIB nominal dans les deux chiffres « pendant plusieurs trimestres ».

Le second serait un retrait marqué des prix des matières premières. Les obligations du secteur de l’énergie seraient particulièrement touchées par une baisse des prix du pétrole, notamment, mais la vigueur de l’économie leur est favorable pour le moment.

Le troisième serait une réaction négative des marchés suite à un allègement du programme d’apaisement quantitatif de la Réserve fédérale (Fed). Celle-ci devrait annoncer ses intentions plus tard cette année. Mais selon l’expert, elle devrait probablement commencer l’an prochain en coupant de moitié les 120 milliards qu’elle injecte actuellement chaque mois dans les obligations du Trésor et les titres adossés à des créances hypothécaires.

Le quatrième risque, « et probablement le plus important », selon lui, est de voir l’inflation s’installer pour de bon, plutôt que d’être simplement transitoire comme beaucoup l’ont cru jusqu’ici.

« Cela voudra dire que la stratégie de la Fed n’était pas la bonne. Et une fois que le génie de l’inflation est sorti du flacon, cela sera difficile de l’y remettre. Cela fait trente ans qu’on annonce le retour de l’inflation et elle est présente aujourd’hui. Mais nous croyons que l’inflation reviendra à 2 % dans l’année à venir, et que la Fed a raison de dire qu’elle est de nature transitoire. La Fed s’est souvent trompée, mais nous la croyons cette fois-ci ! »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.