Vous êtes nombreux à continuer à réagir à la récente chronique de Michel Girard au sujet des commissions rattachées à la vente de fonds communs. L’équipe de Conseiller.ca se fait un plaisir de lire vos réactions et d’en publier des extraits.

Rappel : le journaliste vedette a fait paraître lundi, dans de La Presse, une chronique, intitulée Fonds communs: l’appât du conseiller, dans laquelle il écrit notamment : « Quand un conseiller financier d’une firme de courtage ou d’un cabinet de planification financière ou d’assurances vous recommande d’investir dans telle ou telle famille de fonds communs de placement, ne soyez pas surpris s’il le fait par intérêt pécuniaire personnel. »

Voici de nouveaux extraits de vos courriels, reçus à la suite de la parution de notre premier article sur le sujet et de vos premières réactions :

Vos nouvelles réactions
« M. Girard a encore une fois manqué une occasion de se taire. J’ai travaillé 10 ans comme planificateur financier pour une banque canadienne et je peux vous dire que je m’y sentais en conflit d’intérêts beaucoup plus que dans mon actuel statut de conseiller indépendant », écrit Pascal, pl. fin., représentant en épargne collective et conseiller en sécurité financière de la Montérégie.

« Dans les banques et les caisses, les conseillers ont des objectifs de vente de produits spécifiques. Et ces objectifs sont très agressifs, ajoute-t-il. L’atteinte de ces objectifs génère un boni très significatif (entre 15 % et 30 % du salaire). C’est la culture de la saveur du mois. »

« De plus, le discours sur les frais de gestion n’a aucun rapport, estime Pascal. À ce que je sache, frais de gestion et rendement ne sont pas corelés à 100 %. Plusieurs fonds bancaires ont des frais de gestion comparable aux autres fonds et ce, même s’ils ne versent pas de commissions directes aux conseillers. Ils ne font pas de bénévolat eux non plus. »

« Pour le reste, il est normal que l’on explique notre rémunération aux clients. Ils font ensuite leur choix. Les banques font la promotion de « billets indiciels » avec des échéance de 5, 7 et 8 ans. Est-ce moins contraignant qu’un fonds avec frais de sortie ? », conclut-il.

« Truffé d’erreurs »
« À la lecture de la chronique de M. Girard, il est clair qu’il ne comprend pas la distribution des fonds communs de placement (FCP). En effet, son article est truffé d’erreurs », écrit Larry Bathurst, AVA, pl. fin. et propriétaire de PlanEx Solutions financières inc.

« Par exemple, toutes les institutions bancaires qui distribuent leurs FCP par le biais de conseillers indépendants offrent les mêmes structures de frais/commissions que les institutions non bancaires, signale-t-il. De plus, les FCP d’institutions bancaires sont de plus en plus offerts par les conseillers indépendants. M. Girard semble également blâmer le « système de commissions » pour les « abus » de la part des conseillers. Il erre également sur ce sujet. En effet, le « système » est le même pour tous les conseillers et ce n’est que l’infime minorité qui fait des abus. Un système ne peut créer de l’intégrité chez un individu qui n’en possède pas. »

« À mon avis, nous (conseillers indépendants) oeuvrons dans une industrie dans laquelle le potentiel de conflit d »intérêts est constamment présent et, malheureusement, certains conseillers (une infime minorité) se laissent tenter, poursuit M. Bathurst. Quels sont les principaux « pièges » ou tentations ?

– Le « recyclage » de FCP et/ou fonds distincts sans frais de sortie en FCP et /ou fonds distincts avec frais de sortie…une pratique qui ne devrait pas être permise.
– M. Girard y fait allusion dans son texte et il a tort de généraliser.
– Les incitatifs et concours de vente dans l’industrie des fonds distincts (industrie de l’assurance de personnes): Ceci ne fait pas partie de l’article et, à mon avis, c’est plus dommageable que la structure des commissions.
– Les incitatifs financiers (paiements forfaitaires $$$) offerts par certains réseaux institutionnels afin d’inciter des conseillers à changer de réseau…incluant les attentes de vente de produits maison à la suite d’un transfert… »

« Qu’en est-il des conseillers-employés des grandes institutions bancaires et caisses ?, demande M. Bathurst. M. Girard aurait-il le courage de faire une chronique à leur sujet ? Lors d’une récente présentation à des étudiants en finance d’une université située à Montréal, nous (les étudiants et moi) en avons débattu. Au début de la discussion, tous étaient portés à croire qu’il n’y avait aucun conflit d’intérêts réel, ni potentiel, pour un conseiller-employé. Alors que les conflits étaient très présents pour les conseillers non-employés (commissions etc…). »

Voici donc les conflits réels et potentiels énumérés par les étudiants:
– L’obligation d’offrir seulement des « produits maison » peu importe le profil et les besoins du consommateur… contraire au code d’éthique et de déontologie de la CSF.

Exemples:
– Compte à intérêt quotidien à 0,010 % par rapport à un produit d’un compétiteur à 1,50 %.
– Un FCP maison de 4e quartile constant par rapport è un FCP externe de 1er quartile constant.
– L’obligation d’offrir des produits ciblés par l’employeur compte tenu des besoins de l’entreprise.

Exemple: CPG d’une certaine durée selon les exigences des conditions économiques et des stratégies des entreprises.
– Rémunération salaire et prime de performance et/ou de volume: contraire au code de la CSF.
– Pression de volume de vente minimum pour conserver l’emploi: Contraire au code…

« Compte tenu du manque de solidarité des conseillers indépendants (s’ils étaient solidaires et plus conscients de ce qui se passe dans l’industrie et ce qui s’écrit sur eux), ils sont une cible facile…, estime Larry Bathurst. Beaucoup plus facile que les autres intervenants de l’industrie qui eux, ont un lobby et un regroupement qui sont plus intimidants à basher. M. Girard le sait et il sait également qu’il peut écrire ce qu’il veut, sans craindre de représailles ni de conséquences. Est-ce que la distribution des FCP est une industrie parfaite ? Non, il y a certainement place à améliorer certains aspects. »

« Cependant, M. Girard (comme d’autres) s’attaque constamment à la structure de rémunération et fait fausse route, est-il d’avis. En voici une preuve parmi tant d’autres: RBC offre un fonds de dividendes qui comporte une structure pour distribution bancaire et une autre pour distribution « conseillers indépendants ». »

Structure 1 :
– RBF266 : structure de frais pour distribution bancaire (sans frais d’entrée et sans frais de sortie);
– frais de gestion : 1,70 %;
– rendement 1 an : 8,4 %.

Structure 2 :
– RBF107 ou RBF759 : avec frais de sortie ou sans frais de sortie;
– frais de gestion : 1,68 %;
– rendement 1 an : 8,4 %.

Constats :
– Malgré la différence de structure de frais, le rendement est identique. Où est le désavantage pour le consommateur ? Comment le consommateur est-il lésé ?

« En conclusion, quand il est question de distribution en services et produits financiers, il est préférable de s’y connaître quand on a l’intention de produire des chroniques. Ça ne semble pas le cas pour M. Girard, écrit M. Bathurst. Malheureusement, on n’a pas fini de lire des faussetés (de sa part et de la part de certains autres), puisque depuis l’avènement et la mise en place de la réforme de l’inscription en FCP (31-103), un choniqueur financier n’est pas tenu d’être inscrit au registre de l’AMF (donc pas de permis, donc possiblement pas de compétences réelles) pour écrire et publier des chroniques. Ce dernier peut même aller jusqu’à faire des recommandations de produits, d’achat et vente de titres…Imaginez un chroniqueur qui recommande des médicaments par l’entremise d’une chronique, sans être médecin. Est-ce que ce serait toléré ? »

« Tenir compte des coûts »
« Il faut aussi tenir compte du fait que c’est nous qui assumons les coûts de permis d’assurance responsabilité, tandis que les représentants des banques ou des caisses doivent offrir les produits de ces institutions. Et ce ne sont pas eux (les représentants des banques ou caisses) qui assument le coût des permis et des assurances », écrit de son côté Pierre, AVA et pl. fin.

« J’explique toujours ma rémunération et je le fais de nouveau lors d’une mise à jour pour une transparence sans équivoque, explique Jacques, un conseiller de la région de Québec. Je décris ma rémunération de fonds distribués en FA, FR, LL et FA à zéro. L’ouverture d’un très petit dossier, j’explique pourquoi je le fais en LL Puis avec mon actif total, j’explique que je suis gagnant à long terme en FA à zéro et que mon client est toujours libre en tout temps. Sur ma carte d’affaires, il est écrit « Grandir ensemble ». Ce ne sont pas que des mots. Mon client comprend que lors d’une baisse des marchés, mes revenus baissent, et l’inverse est tout aussi vrai. J’ai tout avantage à diminuer la volatilité et je ne suis pas gêné de montrer mon portefeuille sans les montants investis, ainsi mon client sait que je mange le même pain qu’eux. »

« Le texte de Michel Girard repose sur le paradigme qui laisse croire que les conseillers indépendants, en particulier, peuvent être d’une honnêteté douteuse ou variable, estime Noël, conseiller en Mauricie. Imaginez la facilité pour tout lecteur profane d’accueillir le point de vue suspicieux de Michel Girard ! Cette réalité « d’information tendancieuse » nous impose une tâche individuelle de vulgarisation auprès de chacun de nos clients. Malheureusement, Michel Girard alimente un courant d’opinion générale néfaste déplorable. »

Pour lire la chronique de Michel Girard, cliquez ici.

Pour lire vos premières réactions à sa chronique, cliquez ici.