Une nouvelle pratique populaire au Royaume-Uni serait en voie de prendre racine au Canada : l’impartition (ou sous-traitance) des plans financiers. Selon Tyrone Matheson, chroniqueur à notre site jumeau site Advisor.ca, plus de 35 000 professionnels spécialisés en impartition financière ont actuellement pignon sur rue en Grande-Bretagne, et leur nombre ne cesserait de croître.

Leur rôle consiste à prendre en charge toutes les données clients que leur fournissent les planificateurs financiers, à les enregistrer dans des logiciels spécialisés et à produire des projets plans qui visent à répondre aux objectifs de ces clients. Une fois qu’un projet de plans sort de l’ordinateur d’un impartiteur ou sous-traitant, il est envoyé au planificateur financier pour vérification et correction. L’impartiteur apporte les ajustements requis dans son projet de plan, puis il fait parvenir une version finale au planificateur financier. Si tout concorde, hop!, ce dernier présente le tout à son client.

Moins cher et plus productif
Cette façon de faire comporterait plusieurs avantages, dit Tyrone Matheson. Le premier est monétaire. En effet, des planificateurs financiers britanniques ont constaté qu’il leur revenait moins cher d’impartir ces activités que de les réaliser eux-mêmes ou d’engager un assistant pour s’en occuper. Le deuxième est lié à la productivité. Embaucher un assistant peut-être non seulement onéreux en salaire, mais il faut aussi le former, lui confier d’autres tâches lors des baisses saisonnières des activités, préparer sa paie, etc. Au contraire, les impartiteurs envoient une seule facture à la fin du contrat. On fait un seul chèque, et le tour est joué. Lorsque l’achalandage diminue, les planificateurs financiers donnent moins de contrats aux impartiteurs, c’est tout.

Tyrone Matheson explique que certains impartiteurs proposent aux planificateurs financiers des services complémentaires, comme la gestion du budget familial des clients. Ici aussi, l’avantage peut être double. D’une part, les clients perçoivent cette initiative comme un service à valeur ajoutée que leur offrent leurs planificateurs financiers. D’autre part, ces derniers peuvent plus facilement mettre en place des programmes de cotisations périodiques d’épargne-retraite, par exemple, ce qui leur procure des revenus supplémentaires.

Pour s’assurer que les impartiteurs sont compétents, l’Institute of Financial Planning de Grande-Bretagne (l’équivalent de notre Institut québécois de planification financière) a créé une certification pour encadrer cette nouvelle profession.

Des craintes et des préoccupations
Tyrone Matheson note que des planificateurs financiers hésitent à faire affaire avec des impartiteurs. En effet, ils craignent de divulguer les données sensibles de leurs clients à des fournisseurs, « une préoccupation tout à fait pertinente », reconnaît le chroniqueur. De plus, l’évaluation de la qualité du travail des impartiteurs peut prendre plus de temps que prévu, et la conclusion d’une entente écrite liant les deux parties, évidemment nécessaire, peut requérir l’intervention d’un notaire ou d’un avocat et donner lieu à des négociations ardues.

Fait à noter, les planificateurs financiers qui recourront aux services d’un impartiteur devront en informer leurs clients. Or, comment réagiront ces derniers ? Difficile à prévoir. Tyrone Matheson n’aborde pas cette question. En revanche, il estime que les impartiteurs devraient être présents dès le début du processus de planification. « Je crois fermement que plus on en sait au sujet d’un client, plus on peut élaborer un plan personnalisé qui réponde à ses besoins », souligne-t-il.

Enfin, il faudrait voir si les planificateurs financiers exerçant au Québec ont le droit de faire appel à des sous-traitants pour préparer un plan financier. Dans l’état actuel de la réglementation, est-il même permis de transmettre les données personnelles d’un client à une tierce partie ?