L’histoire ne ment pas. C’est durant les crises ou les fortes corrections que se réalisent les meilleurs investissements

J’ai commencé ma carrière dans l’industrie des fonds communs. Mes premiers achats s’effectuaient dans un fonds dont la philosophie de gestion de style « valeur » était d’investir dans les actions de pays considérés comme sous-évalués.

Le légendaire fonds Templeton a obtenu pendant 48 ans (de 1954 à 2002) un rendement composé de 13,5 %.

La philosophie de ce fonds était d’investir dans les titres solides, mais affaiblis par le marché. Ce célèbre gestionnaire investissait dans les titres japonais alors que les autres investisseurs les boudaient au point d’être absents de ce pays, même si la capitalisation boursière était à un sommet en 1989.

C’est pendant les crises que l’on trouve les meilleures aubaines. Historiquement, il y a un rebond quand la crise se dissipe, ce qui explique, par exemple, pourquoi l’indice MSCI Finance Europe a grimpé depuis six mois de 49 % (au 22 janvier), comparativement à 10 % pour le S&P 500, tel qu’illustré dans ce lien à consulter.

Comment expliquer cette réalité?
La réponse se trouve dans la finance comportementale. Le cerveau est programmé pour accorder une importance exagérée aux événements et expériences vécus à court terme, et néglige l’importance du long terme. Quand un marché est morose et déprimé, la réaction moutonnière des investisseurs, minés par la frustration et la peur, est de sortir du marché, même si des données fondamentales s’améliorent. L’investisseur de type « valeur » sait reconnaître la vraie valeur d’une occasion, et il se montrera patient et combatif jusqu’au moment où le titre qu’il détient grimpe à nouveau.

Comme philosophie de gestion, je préfère sélectionner un titre ou un indice de pays sous-évalué (style valeur), mais qui connait depuis un certain temps une progression substantielle du titre, comme l’a démontré le MSCI Finance Europe. Ainsi je peux jumeler la valeur à un engouement récent. La recherche scientifique[1] a clairement démontré que l’investisseur qui adhère à cette philosophie de gestion est récompensé à long terme, du point de vue rendement/risque.


William-André Nadeau est chroniqueur financier. Il publie aux deux semaines un billet traitant des marchés, de placements et de gestion.



[1] Clifford S. Asness, Tobias J. Moskowitz, et James O, Shaughnessy