On le sait, la firme de recherche Morningstar Canada passe au peigne fin tout le secteur des fonds communs au pays. Après avoir développé toutes sortes de méthodes pour dénicher les fonds les plus performants, elle a demandé à ses chercheurs de repérer, au contraire, les 30 pires entreprises canadiennes et d’en faire un fonds commun.

Le but de cet exercice est d’illustrer ce qui pourrait se produire quand on choisit des actions qui ont de mauvaises données fondamentales. Les chercheurs de Morningstar Canada les ont ensuite intégrées dans un pseudo-fonds baptisé Portefeuille canadien Dangereux CPMS (pour Computerized Portfolio Management Services). Rassurez-vous, cet instrument a été créé à des fins éducatives seulement.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Portefeuille Dangereux porte bien son nom. Voici quelques données comparatives éloquentes :

Rendement annuel moyen (%)*
Portefeuille Dangereux Portefeuille de revenus Indice S&P/TSX
10 ans

-18,0

14,0

3,3

5 ans

-9,3

4,0

5,6

3 ans

-18,3

-3,4

-4,4

1 an

25,6

29,6

10,7

Depuis 1985

-8,1

14,1

8,4

* Au 30 juin 2010.

Avec un écart-type annuel de 25 sur une période de 24 ans, le Portefeuille Dangereux est le plus volatil de tous ceux qu’a examinés Morningstar Canada. C’est aussi celui qui a obtenu le pire rendement sur 10 ans, comme en témoigne son remarquable – 18,0 %.

« Mais tous les canards boiteux ont leurs heures de gloire, même le portefeuille Dangereux. Les six premiers mois de l’année, il a gagné 25,5 %, et n’est surpassé que par deux des portefeuilles canadiens conçus par CPMS », note Morningstar Canada.

Quel genre de chaudrons trouve-t-on dans le Portefeuille Dangereux ? Surtout des sociétés pétrolières et gazières, des fiducies de revenu, des producteurs de métaux et de minéraux et quelques entreprises de services financiers.

Par exemple :

  • Kingsway Financial Services. L’action de cette entreprise a chuté de près de 80 % depuis qu’elle a été incorporée au portefeuille en mai 2008.
  • Silver Standard Resources. Son taux de changement des bénéfices d’exploitation trimestriels par action (une mesure de la robustesse de la rentabilité) est de… – 120 %. Autrement dit, les profits de Silver Standard Resources ont chuté d’une moyenne de 120 % par trimestre lors de l’année écoulée ! Soulignons que toutes les sociétés et fiducies de revenus du Portefeuille Dangereux affichent un taux de changement des bénéfices d’exploitation négatif, la moyenne étant de – 43 %.
  • Canadian Apartment Properties REIT. Cette fiducie de placement immobilier présente un ratio cours/bénéfice de 56. « Cela indique que la société se négocie à un ratio faramineux de 56 fois le ratio C/B des pairs de son industrie », explique Morningstar Canada.
  • Boardwalk REIT et Just Energy Income Fund. Les chercheurs ne sont pas parvenus à calculer le ratio dettes/capitaux de ces deux fiducies de revenu, pour la bonne raison qu’elles avaient un capital négatif.

Et ainsi de suite.

Vos clients se plaignent de la piètre performance de leur fonds communs ? Parlez-leur du Portefeuille Dangereux, que Morningstar présente comme étant un « ensemble d’avoirs calamiteux pour masochistes endurcis ». Si d’aventure ils manifestent de l’intérêt pour ce portefeuille, changez de clients…