Un homme d'affaire, un classeur ouvert devant lui qu'il regarde avec une loupe.
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L’Autorité des marchés financiers (AMF) a ouvert une enquête sur le voyagiste Sinorama, rapportait récemment La Presse. La direction de la firme admet avoir rencontré des inspecteurs et affirme collaborer pleinement.

Selon Martine Jing, PDG de Sinorama, l’AMF souhaiterait obtenir les mêmes documents financiers que Sinorama a remis à la Securities and Exchange Commission, aux États-Unis. Le voyagiste est en effet inscrit hors cote (OTC) au NASDAQ et doit donc les rendre publics, ainsi que déposer des prospectus.

Pour financer sa croissance, la firme a procédé à deux appels publics à l’épargne à l’automne 2016 et en novembre 2017, amassant au passage environ 5,5 millions de dollars canadiens. L’entreprise est détenue à 60,1 % par les dirigeants Wenjia Jing (Martine Jing) et Hong Qian (Simon Qian), le reste appartenant des hommes d’affaires chinois (11,2 %) et 121 petits actionnaires, dont 13 employés, pour un total de 132 investisseurs.

PAS DE PROSPECTUS

Sinorama n’aurait toutefois pas déposé de prospectus au Québec, bien que certains Québécois aient investi dans cette entreprise. Les deux prospectus américains démontrent qu’au moins une dizaine des 132 investisseurs résideraient au Québec. La Presse a même parlé à deux d’entre eux, qui ont injecté chacun 40 000 dollars. On trouve aussi 13 employés québécois au nombre des investisseurs.

Rappelons qu’il faut généralement l’accord de l’AMF pour recueillir des fonds auprès de Québécois et qu’il faut produire un prospectus, à moins d’en être exempté. Ces exemptions concernent surtout les investisseurs qualifiés, les employés de l’entreprise et les investisseurs qui ne résident pas au Canada.

UN TROU DANS LES FINANCES

Le quotidien montréalais a aussi révélé qu’il manquait 10,9 millions de dollars chez Sinorama pour honorer les voyages déjà payés par les clients au cours des prochains mois, en plus de soulever des questions quant à son modèle de financement.

La firme soutient que ces voyages seront financés à même les ventes effectuées au cours des prochains mois. L’Office de la protection du consommateur procède à des vérifications à ce sujet. Rappelons que chez Sinorama, les clients doivent payer entièrement leur voyage au moment de la réservation, généralement plusieurs mois avant de partir.

L’OPC soutient que les ennuis financiers de Sinorama sont bien réels et que la possibilité que l’entreprise soit déclarée insolvable et qu’elle nomme un administrateur provisoire fait même partie des hypothèses envisagées.

Sinorama admet avoir mandaté Raymond Chabot pour les aider à trouver du financement.

MAUVAISE INTERPRÉTATION?

Le voyagiste se défend pourtant d’avoir des ennuis financiers et soutient que La Presse interprète mal ses états financiers.

Il affirme dans un communiqué que son modèle d’affaires basé sur les réservation payées en entier à l’avance « permet d’économiser et d’éviter les hausses de prix qui pourraient survenir dans les mois suivant la réservation des voyages par les clients ».