De plus en plus de prêteurs utilisent les données des téléphones cellulaires de leurs clients pour décider de leur accorder ou non un prêt, rapporte Bloomberg. Cette méthode permettrait notamment de traiter les demandes des gens qui n’ont pas de dossier de crédit ou n’ont pas accès à une banque.

Cette approche révolutionnaire provient des FinTech. Et ce ne sont pas les compagnies de télécommunications qui s’en plaindront. Aux États-Unis seulement, le marché de la vente des données téléphoniques pourrait dépasser le milliard de dollar US par année au cours de la prochaine décennie, selon Crone Consulting LLC.

LIRE L’AVENIR DANS LES DONNÉES

La plus grande entreprise de notation de dossier de crédit, Fair Isaac Corp (qui produit la note FICO), s’est récemment associée aux entreprises en démarrage Lenddo et EFL Global pour utiliser les données téléphoniques dans l’étude de demande de prêt pour petites entreprises et individus en Inde et en Russie. En Inde, plus de 20 % de la population ne fait affaire avec aucune banque, selon la Banque Mondiale. Equifax a aussi commencé à utiliser ces données en Amérique latine. Selon l’entreprise, le nombre d’appels et de messages texte reçus par un utilisateur peut aider à prédire le niveau de risque qu’il représente comme emprunteur.

« Il appert que plus vous êtes économiquement actif, plus les gens veulent vous appeler, soutient Robin Moriarty, directeur en chef du marketing d’Equifax Amérique latine. Ce niveau d’activité, ce niveau d’utilisation, est vraiment ce qui est le plus prédictif. »

COUPABLE PAR ASSOCIATION

La méthode peut aller plus loin en étudiant le profil des gens auxquels le client parle. Une banque se méfiera d’un client qui entretient des relations avec de nombreuses personnes montrant un mauvais dossier de crédit ou un historique de défaut de paiement. Ce qui bien sûr ouvre la voie à certaines formes de discrimination, par exemple envers les gens issus de milieux défavorisés. À l’inverse, les prêteurs seront rassurés par quelqu’un qui parle avec beaucoup d’interlocuteurs ayant un bon historique de crédit.

Le téléphone peut aussi être utilisé pour administrer des questionnaires aux emprunteurs. EFL envoie, par exemple, un test psychologique en 60 questions aux demandeurs de crédit sur leur téléphone. Cette approche est utilisée par des prêteurs en Espagne, en Amérique latine et en Afrique. Plus de 700 000 personnes ont reçu plus d’un milliard de dollars US en prêts grâce à ces données, selon le PDG Jared Miller. Le taux de défaut varie selon les pays, se situant sous les 10 % en Inde, mais au-dessus au Brésil, par exemple. Les taux d’intérêt des prêteurs reflètent ces risques et sont plus élevés au Brésil.

NOUVEAUX SEGMENTS DE MARCHÉ

Les entreprises en démarrage comme Lenddo, Branch et Tala ont mis leurs algorithmes à l’épreuve pendant plusieurs années. De 2011 à 2014, Lenddo a prêté plusieurs milliers de dollars à des Colombiens, Mexicains et Philippins pour tester sa méthode. Son taux de défaut s’est maintenu sous les 10 %. L’entreprise a par la suite pivoté vers les services aux institutions financières.

« Le marché change, croit son PDG Richard Eldridge. De plus en plus de gens voient des exemples dans le monde montrant comment les données non-traditionnelles peuvent être utilisées pour toucher de nouveaux segments de marché, qui ne pouvaient être servis auparavant. »

Les entreprises de télécommunications doivent généralement demander l’autorisation des clients avant de vendre leurs données à des institutions financières, et doivent se conformer aux législations protégeant les données personnelles de leurs clients, ce qui pourrait ralentir la progression de ce lucratif marché.

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