Homme d'affaires assis devant la fenêtre de son bureau donnant sur le centre-ville de New York.
Photo : Denis Ismagilov / 123RF

Dix ans après la crise financière de 2008, les salaires des six grands banquiers new-yorkais devraient atteindre de nouveaux records, totalisant la somme colossale de 117,6 milliards de dollars.

Les salaires et bonus des patrons des six grandes banques américaines n’ont visiblement pas été troublés par la volatilité des derniers mois. Alors que la Bourse de New York, chahutée par les tensions commerciales, le ralentissement de l’économie mondiale et le Brexit, pour n’en citer que quelques-uns, a connu sa plus mauvaise année depuis la crise, leurs salaires ont atteint des niveaux qui ne s’étaient pas vus depuis 2008.

Trente et un millions de dollars, c’est le montant que devrait toucher Jamie Dimon, PDG de JP Morgan Chase, la première banque américaine en termes d’actifs. Une hausse de 5,1 % par rapport à l’année précédente.

James Gorman, le patron de Morgan Stanley, va empocher 2 millions de moins. Son salaire s’élève donc à 29 millions de dollars, en hausse de 7 %. Les quatre autres banques, Goldman Sachs, Bank of America, Citigroup et Wells Fargo, devraient publier le montant que toucheront leurs dirigeants dans les jours qui viennent.

Pour expliquer ces salaires mirobolants, JP Morgan Chase et Morgan Stanley évoquent les bénéfices records dégagés l’an dernier : respectivement 32,5 milliards et 8,2 milliards. Les six banques réunies ont atteint une somme record de 117,6 milliards de dollars en 2018.

LES EMPLOYÉS PAS LOGÉS À LA MÊME ENSEIGNE

Malgré ces bénéfices et le salaire des dirigeants, la rémunération des 256 000 employés de JP Morgan n’a augmenté que de 4,4 %, et celle des 60 300 salariés de Morgan Stanley aurait diminué de 2 %, rapporte une étude du Financial Times.

Les employés de Goldman Sachs devraient également voir leur paie baisser de 3 % du fait du scandale politico-financier malaisien dans lequel la banque est impliquée. Les salariés de Bank of America et Citigroup verront quant à eux leurs salaires augmenter d’environ 2,2 %. À Wells Fargo, les employés devraient voir leur paie être majorée de 4,1 %.

Les écarts entre employés et patrons ne cessent de se creuser. Jamie Dimon a ainsi touché presque 365 fois en 2017 ce qu’un salarié moyen de sa banque gagnerait, selon le syndicat AFL-CIO. Pour le dirigeant de Morgan Stanley, son salaire était environ 192 fois plus haut que ce qu’un salarié moyen perçoit alors que la plupart des employés sont des cadres.

Ce gouffre est d’autant plus criant chez les fonds d’investissement qui ont récupéré les activités risquées des banques. Le dirigeant de BlackStone a perçu 786 millions en 2017, la troisième plus grosse rémunération jamais versée à Wall Street.

Personne ne semble se récrier contre cet écart. Tharindra Ranasinghe, enseignant à l’école de commerce de l’université du Maryland, estime que cela s’explique parce que l’économie va relativement bien en ce moment. Le taux de chômage est très faible et la croissance est encore solide.

Pour tempérer les critiques, les banques ont aussi prétexté que les bonus accordés aux patrons pourraient leur être repris en cas de retournement de la tendance économique.