Photo : Ion Chiosea / 123RF

Plus d’un acheteur de première maison sur trois au pays reconnaît avoir besoin d’un coup de pouce financier d’amis ou de la famille pour acquérir son habitation, selon un rapport publié mardi par BMO.

Concrètement, plus du quart des Canadiens se disent en quête d’un don financier de l’ordre de 5 000 à 50 000 dollars, tandis que 10 % des primo acheteurs recherchent plutôt un apport minimum de 100 000 dollars. En moyenne, les Y demandent davantage d’aide que leurs homologues de la génération X, soit 61 400 et 43 400 dollars, respectivement.

L’enquête relève aussi qu’un nombre croissant de membres de la génération Y vivent chez leurs parents sans payer de loyer pour tenter d’épargner afin de pouvoir faire une mise de fonds plus importante lors de l’achat de leur première maison.

Globalement, un tiers (36 %) des Canadiens prévoient d’ailleurs de partager leur responsabilité financière avec un proche par souci d’accessibilité à un bien immobilier. Un phénomène déjà constaté, entre autres, par une récente étude américaine de Merrill Lynch et Age Wave, qui révélait que, écrasés par les dettes d’études, des salaires trop bas et le prix élevé de l’immobilier, beaucoup de jeunes de plus de 25 ans continuaient à bénéficier de l’aide de leurs parents.

DES PRIX VARIABLES SELON LES PROVINCES

« Face aux vents contraires externes, les acheteurs d’une première maison demandent à leurs parents et aux membres de leur famille de les aider à accéder au marché immobilier. Même si un don financier peut aider, une solution de financement hypothécaire adaptée au budget de l’acheteur est tout aussi importante. Il convient donc de veiller à ce que l’acheteur puisse assumer seul les coûts de l’accession à la propriété », commente Hassan Pirnia, chef du secteur Produits de crédit et de financement à l’habitation chez BMO.

Cette situation de dépendance financière résulte de l’endettement des ménages et des taux d’intérêt plus élevés qu’auparavant, explique BMO. Paradoxalement, près de la moitié (42 %) des primo acheteurs estiment cependant que le marché immobilier résidentiel est abordable, même si les perspectives varient fortement d’une province à l’autre. Ainsi, les résidents des provinces de l’Atlantique sont les plus susceptibles de considérer le marché comme étant abordable (62 %), suivis de près par ceux de l’Alberta (58 %). En revanche, leurs homologues de l’Ontario et de la Colombie-Britannique ne partagent pas cet optimisme, puisque seuls 32 % des premiers et 34 % des seconds sont de cet avis.

À l’échelle nationale, 30 % des Canadiens s’attendent à payer leur première maison entre 400 000 et 799 000 dollars. L’enquête de BMO montre que les premiers acheteurs de l’Atlantique sont ceux qui paieront le prix moyen le plus bas (326 700 dollars), alors que ceux de l’Ontario et de la Colombie-Britannique devront débourser au moins 100 000 dollars de plus (de 443 700 à 445 300 dollars, respectivement).

L’OBJECTIF RESTE L’ACCESSION À LA PROPRIÉTÉ

« Bien que tous les Canadiens ne voient pas le marché comme étant abordable, il apparaît clairement que l’objectif reste l’accession à la propriété », estime Hassan Pirnia. Celui-ci ajoute qu’il s’attend à ce que les primo acheteurs « obtiennent un peu de répit face à la hausse des taux, de sorte que le marché [leur] soit plus favorable ». »

« Alors que les Canadiens poursuivent leur rêve d’accession à la propriété, relève BMO, il importe qu’ils disposent du temps nécessaire pour faire preuve de diligence dans le processus d’achat d’une maison. » Interrogés dans le cadre du sondage, 74 % des premiers acheteurs indiquent que le fait de bénéficier d’une longue période de garantie de taux hypothécaire faciliterait le processus d’achat. Et lorsqu’on leur demande quand est-ce qu’ils comptent obtenir un prêt hypothécaire préétabli, la majorité d’entre eux (56 %) affirment qu’ils le feront avant de commencer à chercher une habitation.

Également publiée mardi, une enquête menée pour le compte de Garantie de construction résidentielle (GCR) dresse quant à elle un portait des acheteurs d’habitation neuve au Québec. Et elle démontre que le prix et les questions d’ordre financier ont une grande incidence sur leurs décisions. Parmi tous les critères d’achat, le prix est sans conteste le plus important aux yeux des acquéreurs avec un niveau d’importance de 8,9 sur 10. La superficie habitable (8,3), la disposition des pièces (8,3), le style et l’architecture (8,2) ainsi que la dimension de la cuisine (8,2) figurent également en haut de la liste.

QUEL PRÊT HYPOTHÉCAIRE?

Les données de l’étude de GCR révèlent par ailleurs que 71 % des acheteurs ont versé un acompte lors de l’achat de leur propriété : pour 56 % d’entre eux, il s’agissait d’un montant qui ne dépassait pas 10 000 dollars et, en moyenne, l’acompte versé était de 16 000 dollars. À noter que 8 % des acheteurs ont cependant déposé un montant supérieur à la couverture maximale prévue par la loi, soit 50 000 dollars. Au total, près de la moitié des nouveaux acquéreurs de maisons (48 %) ont versé moins de 20 000 dollars en mise de fonds initiale (contre 28 % pour l’ensemble des répondants).

L’étude montre que la principale source de la mise de fonds demeure la vente de la résidence précédente pour près de la moitié des sondés (44 %). Dans le cas des nouveaux acheteurs, toutefois, la principale source provient des économies personnelles, pour un peu plus de la moitié d’entre eux (52 %). Fait intéressant, souligne GCR, 50 % des nouveaux acheteurs ont eu recours au régime d’accession à la propriété (RAP) pour acheter leur résidence.

Sans surprise, l’immense majorité des nouveaux acheteurs (90 %) ayant contracté un prêt hypothécaire a choisi de l’amortir sur une période de 25 ans, soit le maximum prévu par la loi. Pour l’ensemble des acheteurs, ce pourcentage est de 82 % et seuls 5 % des répondants indiquent avoir l’intention de rembourser leur prêt sur 15 ans ou moins. Les nouveaux acheteurs ont également privilégié un taux fixe, pour les deux tiers d’entre eux (67 %), tandis que la fréquence mensuelle de remboursement reste de loin la plus populaire pour l’ensemble des sondés (42 %).

LES RISQUES D’UNE HAUSSE DES TAUX

L’enquête constate enfin qu’une hausse des taux d’intérêt aurait des conséquences quant à la capacité des acheteurs de faire face à leurs obligations hypothécaires. Si celle-ci entraînait une augmentation de 200 dollars de plus par mois, par exemple, 91 % des acheteurs seraient en mesure d’y faire face. Toutefois, si ce montant devait être compris entre 300 et 500 dollars, la proportion de ménages incapables de faire face à leurs obligations grimperait à près de 30 %, et même à 37 % dans le cas des nouveaux acheteurs.

Le sondage publié par BMO a été mené en ligne par Pollara entre le 6 et le 19 mars auprès d’un échantillon de 801 Canadiens souhaitant acheter leur première maison au cours des 12 prochains mois. Ses données ont été pondérées sur la base du dernier recensement national afin d’être représentatives du sexe et de la région. La marge d’erreur dans ce cas est de ± 3,5 % 19 fois sur 20.

L’enquête téléphonique publiée par GCR a été réalisée du 19 décembre au 20 janvier dernier auprès de 1 124 acheteurs partout au Québec. Ses résultats ont été compilés par la firme Segma Recherche. Leur marge d’erreur maximale est de 2,65 % à un niveau de confiance de 95 %.