La volatilité des prix du pétrole est due en partie aux données d’inventaire américaines. Or, celles-ci ne forment qu’une partie du puzzle complexe qui détermine les prix du pétrole. Lorsqu’on observe la situation d’un point de vue mondial, on comprend mieux la direction prise par le baril, explique Scott Vali, vice-président, Gestion d’actifs CIBC.

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« Les données d’inventaire américaines publiées chaque semaine indiquent une tendance excédentaire, mais ce n’est pas assez pour comprendre la situation », dit Scott Vali.

Selon lui, il faut tout d’abord comprendre le cycle saisonnier des activités des raffineries, qui sont les seules à pouvoir utiliser le pétrole brut.

« À la fin de l’hiver, les raffineries ferment pour maintenance. Elles doivent mettre à jour leur équipement en vue de la saison estivale, où l’essence présente des caractéristiques différentes en raison de la météo. Nous sommes en plein dans cette période de transition, qui voit tomber la capacité de raffinerie jusqu’à 400 000 barils par jour au mois d’avril. Les réserves d’essence baissent pour cette raison, pendant que les réserves de brut s’accroissent. Mais ces dernières vont être exploitées aussitôt que la saison estivale commence. »

Ensuite, il y a l’influence des producteurs mondiaux. Les données ne sont pas aussi fréquentes que pour le brut américain, mais on peut se fier à certains indicateurs du marché, dit Scott Vali.

« Nous regardons la valeur du Brent d’une période à l’autre; elle se resserre en ce moment, ce qui laisse entrevoir une hausse prochaine de la demande. Même chose pour la valeur du Brent comparativement à celle du brut de Dubai; cela montre que l’OPEP a réellement commencé à réduire sa production tel qu’elle l’avait annoncé », dit l’expert.

« Nous regardons aussi les frais d’expédition des VLCC (Very Large Crude Carriers, ou grands pétroliers). Ils ont baissé de 40 000 à 20 000 $ par jour. Cela nous indique que l’offre de pétroliers est excédentaire. C’est parce que le marché a ralenti avec la production du Moyen-Orient. Tout cela confirme à notre avis que l’OPEP est déterminée à mettre en œuvre sa décision », dit Scott Vali.

L’expert suspecte également une volonté de l’Arabie Saoudite d’encourager la hausse des prix du brut afin de préparer le terrain en vue de l’entrée en Bourse de la pétrolière Saudi Aramco.

« C’est le plus grand producteur de brut au monde, et c’est dans son intérêt de pousser les prix du brut dans les six prochains mois. Alors même si le marché s’intéresse aux données américaines, il sous-estime l’importance des données mondiales qui confirment que le marché se resserre », dit-il.