Photo : Sergey Nivens / 123RF

Le « Podcast de l’émergence » est une série de balados visant à faire découvrir le milieu de la finance québécoise. Le présentateur Pierre-Luc Poulin pose un regard extérieur sur une industrie qui n’a plus de secrets pour lui.

Ces dernières semaines, les Bourses reculent et les titres glissent. Une situation que plusieurs investisseurs n’avaient pas observée en dix ans de marché haussier et qui fait résonner les mots « risque » et « volatilité » dans leurs conversations animées.

Désireux de casser deux mythes tenaces dans le secteur, Patrick Thénière, associé à Barrage Capital, explique la différence entre ces deux termes. « Dans les cours de finance à l’université, on nous enseigne qu’un titre volatil est un titre risqué, et vice versa, qu’un titre risqué est un titre volatil », indique le financier.

Même son de cloche du côté des institutions financières, qui sont nombreuses à associer risque et volatilité sur la page de présentation de leurs portefeuilles. « Il faut défaire cette pensée, insiste M. Thénière. Les investisseurs voient la chose différemment. On voit la volatilité comme un concept différent du risque. »

QU’EST-CE QUE LA VOLATILITÉ?

« La volatilité correspond aux fluctuations du prix d’une action ou d’un titre à court terme, explique le financier. En général, tous les titres boursiers connaissent des périodes plus ou moins volatiles au fil du temps. »

Très souvent, la volatilité est tributaire de l’actualité. Par exemple, lors de l’annonce récente d’un ouragan en Floride, la Bourse a réagi en faisant monter les actions du détaillant de matériaux de construction Home Depot et baisser celles de l’assureur AIG, parce qu’un désastre était attendu.

QU’EST-CE QUE LE RISQUE?

« Le risque, c’est ce qui nous importe en tant qu’investisseur, indique Patrick Thénière. Il correspond aux probabilités de pertes permanentes sur le capital investi ». Un exemple extrême de titre risqué est la chute spectaculaire de l’équipementier des télécoms Nortel, qui a entraîné en 2009 des pertes en capital permanentes.

Selon l’associé à Barrage Capital, le risque viendrait surtout du fait de détenir des titres de compagnies qui « détruisent » la valeur des actionnaires.

Il cite Warren Buffett : « Le temps est le meilleur ami d’une bonne entreprise et le pire ennemi d’une mauvaise entreprise. » C’est-à-dire qu’au fil du temps, une bonne entreprise va créer de la richesse pour ses actionnaires, alors qu’une mauvaise entreprise (qui n’a pas d’avantages compétitifs et dont les dirigeants sont peu compétents ou de mauvaise foi) va détruire la richesse.

Par ailleurs, la volatilité peut constituer un risque pour un investisseur qui utilise l’effet de levier dans son portefeuille. Il pourrait être ainsi forcé de vendre un titre qui a baissé, et ce, au pire moment! Sinon, outre l’effet de levier, la volatilité n’est pas néfaste en soi, explique Patrick Thénière.

COMMENT RÉAGIR FACE À LA VOLATILITÉ?

La volatilité n’est pas une chose agréable pour l’investisseur, avoue M. Thénière, qui la compare à des turbulences en avion. « Je ne connais personne qui aime subir des turbulences lors d’un vol, mais je connais encore moins de gens qui préfèrent se jeter en bas de l’avion en parachute quand il y en a! Pourtant, quand le marché devient volatil, plusieurs investisseurs préfèrent s’éjecter du marché pour revenir une fois la tempête passée. »

Or, rappelle-t-il, une règle de base à la Bourse est d’acheter des titres lorsque les prix sont bas et les revendre lorsqu’ils sont hauts. « Ceux qui se laissent piéger par la volatilité font exactement le contraire! », observe le financier, qui rappelle qu’il faut voir la Bourse comme un mécanisme de transfert de richesses entre les investisseurs impatients vers les investisseurs patients…

COMMENT NE PAS SE LAISSER EMPORTER PAR LA VOLATILITÉ?

Pour se protéger de ses propres émotions, un investisseur devrait garder un horizon d’investissement relativement long, de 3 à 5 ans minimum, conseille M. Thénière.

Et rester rationnel…

Patrick Thénière recommande aux investisseurs de détenir dans leur portefeuille des titres d’entreprises « de qualité » possédant des avantages compétitifs durables, menées par des dirigeants hors pair et dont l’évaluation en Bourse est raisonnable.

Il conclut en rappelant qu’il faut voir la volatilité comme le prix à payer pour obtenir des rendements supérieurs à long terme. « L’investisseur qui réussira à rester rationnel a de meilleures chances d’obtenir des rendements supérieurs à long terme qu’un autre qui se laissera emporter par ses émotions! »

Avec la collaboration de Caroline Ethier.

Un peu plus sur Pierre-Luc Poulin et le « Podcast de l’émergence »

pierre_luc_poulin

Détenteur d’un baccalauréat en administration des affaires, Pierre-Luc Poulin a poursuivi sa formation à l’Institut canadien des valeurs mobilières où il a obtenu le titre de fellow (FCSI). Après avoir travaillé dans les milieux financiers et bancaires, il est devenu, en janvier 2001, formateur indépendant. Outre la finance, il enseigne également en communication et marketing et est auteur de publications sur le marketing web, Warren Buffett, ainsi que de romans.

L’idée du « Podcast de l’émergence » lui est venue au printemps 2018, à la suite d’une rencontre avec des gestionnaires de patrimoine émergents du Québec. Pierre-Luc Poulin entreprend alors de les faire découvrir au public par ce balado, mais aussi la publication du livre Québec & cie : investir grâce aux gestionnaires en émergence du Québec, qui devrait paraître en novembre 2018.