Micro à l'avant-plan avec auditorium rempli d'élèves à l'arrière-plan.
Photo : weerapat / 123RF

Depuis des années, nous, conseillers, devons participer à des activités de formation continue. Si mes souvenirs sont exacts, c’était dans les années 1980 au sein de l’Ordre des administrateurs agréés du Québec (OAAQ) en qualité de Planificateur financier agréé que la formation continue est devenue obligatoire en vertu d’un règlement interne de l’OAAQ et non en vertu d’une loi conçue par des gens éloignés de notre profession.

Ces formations étaient fort intéressantes et nous participions à un grand nombre de celles-ci, souvent bien plus que les 50 heures requises par l’Ordre.

Au cours de ces formations, nous n’avons jamais remarqué que quelques participants disparaissaient discrètement pour reparaitre tout aussi discrètement tout juste avant la fin de la conférence. La plupart des conférenciers étaient intéressants, donc nul besoin de faire l’école buissonnière.

Bien des années ont passé, de nouvelles formes de formation ont apparu dont les formations à distance, de nouvelles lois ont été promulguées, de nouvelles règlementations ont été édictées, de nouveaux organismes se sont mêlés de la formation, de nouvelles politiques de formation ont été créées, de nouveaux vocabulaires sont nés : bref, le tout s’est alourdit, alourdit et encore alourdit. Chaque organisme a créé sa « bible » de formation continue. Tout est devenu rigide et formaliste. La forme a supplanté le fonds. La recherche de qualité a alors disparu selon moi.

En 2019, nous avons appris que les Autorités auraient découvert des « choses graves » au sujet des présences aux activités de formation continue : l’existence de fraudeurs ! Devant cette intolérable horreur, les Autorités ont réagi avec vigueur par des mesures infantilisantes, dignes de l’école primaire.

Elles ont baptisé une de ces mesures d’un joli nom : activité d’apprentissage participative. Ces activités peuvent prendre différentes formes; nous n’entrerons pas dans les détails qui feraient pleurer.

Depuis quelques années, nous nous sommes habitués aux contrôles d’entrée et de sortie aux conférences « présentielles » organisées lors de congrès d’une firme ou l’autre. Deux petits clics, un à l’entrée et un à la sortie, sur le code-barre de notre collier de participant. Nous nous sentons comme un petit chien tenu en laisse. Quand donc nous collera-t-on une puce électronique sur le crâne pour contrôler notre degré d’écoute d‘un conférencier aussi endormant que l’hiver québécois et nous empêcher de sombrer dans un doux sommeil plein de rêves d’un soleil floridien ?

Dans le cas des formations «à distance», les techniques informatiques permettent la participation active de l’étudiant. Ceci est efficace pour garder celui-ci éveillé et attentif, mais non pas pour contrôler sa présence. Par ailleurs, n’oublions pas que ceci a un coût !

Les autorités pourront toujours inventer de nouveaux contrôles, mais il y aura toujours des petits malins qui inventeront de nouvelles techniques de fraude.

Certes, il est utile de lutter contre la fraude, dans tous les domaines. Mais pas si cela signifie infantiliser tous les conseillers.

Ne serait-il pas plus efficace d’améliorer la qualité des formations, de les rendre attrayantes et utiles pour les conseillers? Accepter des formations médiocres, n’est-ce pas encourager les fraudeurs ? Marcel Pagnol le résume si bien dans cette citation :

Le plus affreux de la médiocrité, c’est qu’on finit par l’accepter.

Nous aimerions vous proposer une solution claire et limpide à ce problème, mais nous n’en avons que peu ou pas. Nous sommes certains cependant que parmi les quelques 30 000 conseillers du Québec, il y en a quelques-uns, compétents, honnêtes et expérimentés, capables d’inventer et proposer quelques méthodes de contrôle non-infantilisantes.

Troisième suggestion : les autorités accréditant les formations pourraient lancer un concours de création de méthodes de contrôle.

Si l’un de vous, lecteur de notre chronique, sent jaillir en lui une idée brillante, communiquez-la. Nous traiterons cette idée pour la transmettre, avec votre accord et à votre crédit, aux autorités. Qu’en feront-elles ? Ça, c’est une autre paire de manches !

Dans notre prochaine chronique, nous traiterons de la qualité du langage des formateurs. Nombre de formateurs s’expriment plutôt correctement, mais certains déshonorent la langue de Molière. Les Autorités surveillent-elles ce point ou bien dorment-elles ?

*************

Pour lire les autres articles de cette série, cliquez ici.

* Les opinions émises dans cet article sont celles de son auteur et ne reflètent pas nécessairement les vues de Conseiller.