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Les quatre caractéristiques fondamentales d’une formation de qualité devraient se trouver dans les formulaires d’accréditation : pourquoi n’y sont-elles pas ?

Parmi les responsables de la formation dans nos trop nombreux organismes de réglementation, y en a-t-il un seul qui connait cette brillante citation de Joseph Pulitzer ?

Écrivez court et vous serez lu.

Écrivez clairement et vous serez compris.

Écrivez imagé et vous resterez en mémoire.

Joseph Pulitzer (1917, création du prix Pulitzer)

Mais quelles sont donc ces quatre qualités dont je vous parle ?

Lorsque nous préparons une formation, nous veillons à respecter rigoureusement les quatre caractéristiques fondamentales suivantes :

Les textes et les illustrations sont-ils 

  • Exacts ?

Le contenu a-t-il été composé par une personne professionnellement compétente et expérimentée ?

Le contenu a-t-il été vérifié par une tierce personne professionnellement compétente et expérimentée ?

Attention : les éléments réglementaires ou passés peuvent être exacts ou inexacts, vrais ou faux. Les éléments concernant l’avenir (répartition d’actifs) seront probables ou improbables; ils seront des opinions, parfois très diverses.

  • Clairs ?

Les concepts sont-ils clairement exprimés et correctement structurés ?

Le langage est-il de qualité ?

Le français (ou l’anglais) est-il correct dans sa construction, sa grammaire et son orthographe ?

Les phrases sont-elles bien construites ?

Si la répétition est l’art de l’enseignement, n’y a-t-il pas « trop » de redondances?

La clarté est un point qui mérite d’être approfondi. En effet, si un texte ou un discours n’est pas clair, il sera impossible à comprendre. Si nous ne possédons pas l’art d’écrire et de nous exprimer avec clarté, cherchons de l’aide sur ce point.

  • Compréhensibles ?

Cours oral : l’orateur articule-t-il clairement ? L’étudiant comprend-il facilement le discours ?

Cours écrit : l’étudiant comprend-il facilement les textes ?

Dans les deux cas, une personne quasi ignorante de la matière a-t-elle révisé les textes et les a-t-elle compris ?

En 2015 et 2016, nous avons préparé une formation (±120 pages) intitulée « Comprendre et expliquer l’investissement » qui fut accréditée pour 10 UFC à la Chambre de la sécurité financière (CSF) et à l’Institut québécois de planification financière (IQPF).

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Nous avions constitué un « comité de révision » composé de cinq bénévoles : trois professionnels des finances personnelles chargés de relire mes textes et d’en vérifier l’exactitude ; deux « ignorants du domaine » qui me donnèrent des heures de travail en échange de l’apprentissage de l’investissement. Leur mission était de vérifier la clarté de mon discours écrit : Étions-nous clairs et compréhensibles ? Comprenaient-ils tout facilement ?

L’un des « ignorants du domaine » n’y connaissait vraiment rien, mais fit un travail remarquable : il nous fit faire une montagne de corrections et d’éclaircissements. Nous dûmes réécrire entièrement la moitié du module 2 et apporter un grand nombre d’autres corrections. Grâce à lui, notre discours devint clair du début à la fin.

  • Imagés et vivants ? (une image vaut mille mots)

Le langage du formateur garde-t-il spontanément l’étudiant éveillé ?

Utilise-t-il des images qui se graveront facilement dans la mémoire du conseiller et de son client ?

Un élément surprend-il quelques fois pour tenir l’élève éveillé ?

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Ne serait-il pas utile et efficace pour la formation de l’étudiant et l’information du formateur que ces quatre caractéristiques soient clairement stipulées dans la politique et le formulaire d’accréditation des Autorités ?

Petite parenthèse : l’objectif de l’ensemble de nos chroniques relatives à la formation continue est d’améliorer celle-ci. Notre style et  les critiques formulées à l’égard des Autorités ne sont que l’outil qui, nous l’espérons, sortira celles-ci de leur torpeur. Nous nous adresserons essentiellement et globalement à toutes les « Autorités »; ceci évitera de créer de petites jalousies.

Bien sûr, lesdites Autorités et leur personnel devront faire un effort de coordination l’une avec l’autre et d’adaptation. Peut-être est-ce trop leur demander ? Soyons optimistes; en effet, nous avons ouï dire qu’un début d’effort avait été consenti en matière de compétence du personnel.

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Le formulaire de demande d’accréditation conjoint de la CSF et de l’IQPF contient des centaines de questions de détails qui nous semblent n’être utiles qu’à la brave personne qui devra traiter la demande. À la CSF, le texte complet de la formation n’est même pas demandé.

On y a introduit récemment un paquet de nouvelles prescriptions d’une utilité folklorique, tel que l’exigence de 10 QCM par UFC dans l’examen final alors que, selon la matière enseignée, 7 QCM seraient suffisants et 12 QCM seraient appropriés. Laissez donc le formateur formuler le nombre approprié de questions nécessaires à couvrir l’ensemble de la matière. Il n’existe plus que de la procédure administrative !

Suggestion : les autorités accréditant les formations devraient faire passer les caractéristiques fondamentales d’une formation de qualité en premier plan et donc avant les montagnes de caractéristiques folkloriques ou de détails.

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* Les opinions émises dans cet article sont celles de son auteur et ne reflètent pas nécessairement les vues de Conseiller.