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Un jour ou l’autre, tout conseiller est susceptible de recevoir une demande qui sort de l’ordinaire de la part de ses clients. Dans cette nouvelle série d’articles, des professionnels partagent leurs expériences et les leçons qu’ils en ont tirées.

André Lacasse n’est pas près d’oublier l’appel qu’il a reçu d’un homme qui voulait faire sa planification de retraite.

« Je lui ai proposé une première rencontre, raconte le planificateur financier chez Lacasse Services financiers. Comme il m’avait précisé qu’il était marié, je lui ai mentionné que sa femme devrait être là aussi. C’est là qu’il m’a dit préférer être seul à cette rencontre parce qu’il ne voulait pas que sa femme apprenne qu’il avait des actifs cachés. »

André Lacasse a eu beau lui expliquer qu’il était impossible de faire cette planification sans elle, l’homme, âgé dans la quarantaine et père de deux jeunes enfants, s’est montré insistant.

« Il m’a alors mentionné qu’il pensait divorcer et m’a donc demandé de faire la planification comme s’il l’était déjà. Encore là, j’ai dû lui expliquer qu’il faudrait d’abord procéder au partage du patrimoine familial avant de penser à planifier pour l’après-carrière. Même si j’acceptais de faire des simulations, elles ne seraient pas valables. »

Malgré ces explications, l’homme n’a pas lâché le morceau pour autant, soutenant qu’il était prêt à payer les honoraires du planificateur financier.

« Ce n’était évidemment pas la question. Il ne comprenait juste pas pourquoi je ne pouvais accéder à sa demande. Il a aussi soutenu que même s’il songeait à divorcer, il pourrait rester avec son ex-femme et que chacun s’occuperait de ses finances », explique André Lacasse qui a bien sûr refusé de travailler avec lui.

UNE QUESTION DE LITTÉRATIE FINANCIÈRE

La morale de cette histoire ? « Dans un couple, c’est important d’être transparent en matière de finance », souligne-t-il.

À l’évidence, c’est un concept que cet homme n’a pas bien compris. Et il n’est malheureusement pas le seul. Selon une étude sur les modes de gestion de l’argent dans les couples, menée par l’INRS en 2015, 10 % des Québécois cachent de l’argent à leur douce moitié.

« Même si le niveau d’éducation financière des particuliers est plus élevé qu’il y a 20 ans, il y a encore des notions mal comprises », ajoute André Lacasse.

« Au début du mariage, surtout quand on est jeune, la notion de patrimoine familial reste vague. C’est au fil des années, alors que le couple accumule des actifs, qu’il prend plus de la valeur. En cas de divorce, ce patrimoine et le régime de la société d’acquêts devront être partagés à parts égales en vertu du régime de la société d’acquêts. »

Ces actifs, c’est autant la ou les propriétés, les meubles, les véhicules, les sommes accumulées dans un régime de retraite (REER, régimes de retraite du secteur public et autres), qui ont été acquis durant le mariage.

« Pour un couple, qu’il soit marié ou conjoint de fait, on effectue une planification de retraite pour les deux personnes, explique André Lacasse. Il arrive que des gens me demandent d’en faire une de façon individuelle. Quand je leur explique pourquoi ce n’est pas possible lorsqu’ils sont mariés, ils le comprennent bien. »

Ce qui n’a pas été le cas de ce mari cachotier !

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