Employé qui démissionne
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Pierre Fitzgibbon a quitté mercredi son poste de ministre de l’Économie, plutôt que de perdre plus de 1 million de dollars (M$) en vendant à pertes ses intérêts dans deux entreprises afin de se conformer au code d’éthique de l’Assemblée nationale.

Mais même à titre de député de Terrebonne sans poste ministériel, il contrevient toujours au code d’éthique, que le premier ministre souhaite d’ailleurs faire modifier.

François Legault a assuré que son ami était un « homme honnête » et n’avait rien fait de mal, même si un deuxième rapport de la commissaire à l’éthique et à la déontologie recommandait mercredi rien de moins que de le bannir de la Chambre, en raison de ses refus répétés de se conformer au code d’éthique depuis deux ans.

« Je suis vraiment déçu, a-t-il dit. Il n’y avait pas de conflit d’intérêts, mais une apparence de conflit d’intérêts. »

À titre de ministre, M. Fitzgibbon devait en effet se départir de ses intérêts dans deux entreprises qui font affaire avec le gouvernement, ImmerVision et White Star Capital Canada.

Mais il avait du mal à vendre ses parts dans ces entreprises non cotées en bourse et aurait perdu plus de 1 M$ en bénéfice en précipitant une vente, a expliqué M. Legault en conférence de presse mercredi.

« Ces deux entreprises-là n’ont jamais profité d’avantages du gouvernement, donc, Pierre Fitzgibbon n’est pas en conflit d’intérêts », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant que son ami ne respecte pas le code d’éthique.

« Il veut vendre ses actions, mais c’est impossible pour lui de les vendre à un prix qui est raisonnable. Je ne pense pas qu’on peut dire à quelqu’un: il y a un prix à payer, un million de dollars, pour devenir ministre du gouvernement du Québec. »

Mais Pierre Fitzgibbon n’est pas au bout de ses peines. À titre de député, il doit remettre ses participations dans ces deux entreprises à une fiducie sans droit de regard. Or, ce faisant, il ne pourrait donc donner d’instructions pour vendre.

Or puisque c’est l’Assemblée qui doit voter au bout du compte sur la sanction proposée par Mme Mignolet, M. Legault a fait savoir que son parti, qui est majoritaire en Chambre, allait voter contre pour cette raison.

« Il y a quelque chose d’un peu spécial puis c’est pour ça qu’on va voter contre le rapport de la commissaire. »

Le premier ministre a laissé entendre que M. Fitzgibbon pourrait bien être réintégré au conseil des ministres quand sa situation sera régularisée.

C’est le ministre des Finances, Éric Girard, qui reprend le dossier de l’économie.

Rappelons que c’est la deuxième tête à rouler dans le cabinet Legault depuis à peine un mois. La ministre déléguée au Développement économique régional, Marie-Ève Proulx, avait d démissionner en raison de nombreuses allégations de harcèlement.