Globe terrestre entouré de pièces de monnaie.
Photo : ktsimage / iStock

La pandémie pourrait entraîner des changements à long terme dans l’économie mondiale, que les investisseurs et ceux qui les conseillent devront déchiffrer pour prendre les bonnes décisions. Investissements RPC a récemment publié une analyse qui pourrait les aider à y arriver.

Les crises affectent généralement les générations qui les vivent, souvent à long terme. Ceux qui ont grandi pendant la Grande Dépression sont devenus des adeptes de l’épargne, alors que la génération de la Seconde Guerre mondiale aurait acquis la conviction que le travail acharné paye. Les jeunes marqués par la récession de 2008 auraient pour leur part tendance à moins dépenser. 

Les investisseurs à long terme doivent comprendre ces changements, qui peuvent avoir une incidence directe sur un portefeuille. Une crise comme celle que nous vivons actuellement change le comportement des consommateurs et le contexte dans lequel les entreprises exercent leurs activités. Déchiffrer ce contexte permet de voir venir certaines occasions et d’échapper à certaines perturbations.

Investissement RPC s’est concentré sur quatre secteurs susceptibles d’affecter les placements. Conseiller vous livre ici un condensé de leurs réflexions.

1. COMPORTEMENT DES CONSOMMATEURS

Le confinement et les mesures sanitaires qui se maintiennent ont rendu les consommateurs plus friands des achats à distance. Si d’ordinaire les jeunes étaient plus nombreux à choisir ce canal, le risque plus élevé que pose la COVID-19 aux personnes âgées inverse la tendance. Les plus âgés ont augmenté leur utilisation du commerce électronique, alors que les plus jeunes se montrent avides de retourner dans les magasins. Le monde à l’envers, quoi.

Sans surprise, les grands joueurs omnicanaux comme Amazon et Walmart profitent davantage de cet engouement que les plus petits détaillants, qui proposent moins d’articles et disposent d’infrastructures moins imposantes. 

Reste à voir si la tendance se maintiendra à long terme. Dans l’épicerie en ligne, par exemple, le rapport révèle que si l’utilisation a plus que doublé aux États-Unis en mars 2020 par rapport à août 2019, de nombreux consommateurs se sont dits déçus de ces services. Quant aux épiciers, plusieurs perdent de l’argent sur leurs commandes en ligne. 

2. SOINS DE SANTÉ ET POLITIQUE DE PROTECTION DES RENSEIGNEMENTS PERSONNELS

La télémédecine a certes progressé pendant la pandémie, mais encore ici les niveaux de satisfaction des nouveaux usagers se sont révélés assez faibles dans des pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni. Les Indiens et les Chinois ont continué d’accorder une note élevée à ce procédé. 

Les consommateurs occidentaux se montreraient aussi plus réticents à partager leurs données avec les gouvernements et des entreprises privées, notamment dans des applications comme celles qui visent à traquer la COVID-19. Cela pourrait ralentir la progression dans certains secteurs.

3. VILLES ET INFRASTRUCTURES

Investissements RPC prévoit une hausse à long terme du télétravail, surtout sous forme d’horaires souples qui permettent de travailler à la maison quelques jours par semaine, plutôt qu’un abandon massif du travail au bureau. Les entreprises qui vendent des produits ou services qui facilitent le télétravail (cybersécurité, outils de collaboration et de productivité, infonuagique, etc.) pourraient en tirer parti.

Les sociétés risquent aussi de revoir la superficie de leurs bureaux, alors que les travailleurs qui n’ont plus à se déplacer chaque jour pourraient s’éloigner des grands centres urbains. Les effets de ces mouvements pourraient se faire sentir en immobilier.

Par ailleurs, les travailleurs ont actuellement tendance à délaisser les transports en commun et le covoiturage en faveur de leur propre voiture ou encore de la marche ou du vélo. Il reste difficile d’évaluer si cela se maintiendra à long terme. 

4. CHAÎNES D’APPROVISIONNEMENT

La pandémie a soudainement révélé de nombreuses vulnérabilités dans les chaînes d’approvisionnement. Le mot d’ordre est donc désormais résilience.

Des pays comme l’Inde et les autres États de l’Asie du Sud-Est ou encore le Mexique et la Pologne pourraient bénéficier de la volonté de certaines entreprises de moins dépendre de la Chine. Dans les soins de santé, les États-Unis, l’Europe et la Chine voudront accroître l’indépendance de leur chaîne d’approvisionnement, quitte à sacrifier une partie des investissements étrangers directs.

De manière générale, les sociétés pourraient en fait avoir tendance à complexifier leur chaîne d’approvisionnement en la répartissant entre plusieurs pays afin d’éviter d’être trop concentrées. Cela créerait des occasions d’affaires du côté des fournisseurs de logiciels de chaîne d’approvisionnement et d’automatisation. 

« Il est essentiel pour l’investisseur à long terme de gérer le risque tout en étant capable de reconnaître les véritables occasions, concluent les auteurs du rapport, Caitlin Walsh et Ruby Grewal. C’est ce qui nous permet d’investir dans des entreprises qui mèneront le monde vers un avenir plus sûr et plus durable. »