Papillon coloré trouve son chemin hors d'un tunnel sombre.
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Le Sommet de la finance durable a rassemblé plus de 500 acteurs de l’écosystème financier qui sont venus discuter du rôle de la finance dans la décarbonisation de la planète. Un succès de participation pour la troisième édition de cet événement organisé par Finance Montréal en collaboration avec Fondaction.

« On est très satisfait de l’affluence non seulement en termes de nombre de participants, mais aussi de qualité », affirme Jacques Deforges, directeur général de Finance Montréal.

En effet, il y avait en plus des acteurs du monde de la finance, des représentants d’entreprises industrielles, des organisations environnementales, des organismes réglementaires de même que des membres des Premières Nations, entre autres.

« Tous ces acteurs en présence sont venus travailler ensemble vers la finance de demain », soutient Jacques Deforges, qui rêve du jour où on ne parlera plus de finance durable, mais de finance tout court.

En organisant ce sommet, Finance Montréal cherche à renforcer la place de Montréal et du Québec tout entier comme pôle de la finance durable en Amérique du Nord.

« Le Québec est un terreau fertile dans ce domaine, dit Jacques Deforges. On a des joueurs de premier plan comme Desjardins, le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec, la Caisse de dépôt et placement du Québec, Fondaction… Tous ont intégré la finance durable bien avant les autres. »

Selon la plus récente édition du Global Green Finance Index, Montréal se classe d’ailleurs au premier rang au Canada et dans le top 35 des meilleures places financières dans le monde en matière de finance durable.

LE TEMPS DE L’ACTION

L’heure n’est plus à parler de la nécessité de la durabilité, mais d’agir vers une transition juste. Et le monde de la finance a un rôle de premier plan à jouer pour y arriver.

Selon l’International Renewable Energy Agency (IRENA), des investissements de l’ordre de 35 milliards de dollars seront nécessaires d’ici 2030 pour réaliser une transition énergétique cohérente avec l’objectif de l’Accord de Paris qui est de contenir le réchauffement planétaire en deçà de 1,5 degré Celsius.

« Le secteur de la finance est un rouage essentiel pour injecter les capitaux dans des projets et des actions qui vont transformer durablement le monde dans lequel on vit, explique Jacques Deforges. Les investisseurs se doivent de poser les bonnes questions aux directions des sociétés quant à leurs objectifs et leur plan d’action en matière de la protection de l’environnement. On est vraiment dans le concret. »

« L’enjeu pour les entreprises, c’est qu’elles ne voient pas ça comme un aspect négatif ou un enjeu de conformité, mais comme une occasion d’affaires pour s’assurer d’avoir du succès demain », ajoute-t-il.

Invité à l’ouverture du Sommet, le ministre des Finances, Éric Girard, a souligné que l’environnement doit aujourd’hui « être au cœur des décisions financières ».

« Il faut convaincre les entreprises [de passer à l’action] au lieu de les contraindre », a-t-il affirmé.

PROTÉGER LA BIODIVERSITÉ

Il est impératif de préserver la nature puisque la moitié du PIB mondial en dépend, a affirmé Megan Leslie, directrice canadienne du Fonds mondial pour la nature (WWF) lors d’une séance plénière sur les défis auxquels fait face la finance durable. D’où l’importance de diriger les capitaux vers des actions de protection de la biodiversité et de lutte contre les changements climatiques.

« La perte de biodiversité est un facteur reconnu de risque financier, et pourtant les investisseurs continuent d’investir dans des activités qui détruisent la nature, ce qui n’est pas une bonne chose », a-t-elle expliqué.

« Imaginez un terrible feu de forêt qui détruit une communauté. Les habitants devront alors investir dans sa reconstruction plutôt qu’acheter les produits de vos clients. Une autre communauté qui vit à répétition des inondations ne sera plus assurable. Lorsque nous détruisons la nature, des glissements de terrain se produisent. Les personnes qui vivent cette catastrophe ne pourront pas se rendre au travail pendant un moment. Vous voyez donc les impacts négatifs que les changements climatiques et la perte de biodiversité peuvent avoir sur des secteurs entiers de l’économie », a souligné Megan Leslie.

« Imaginez maintenant un oiseau qui porte une graine, a-t-elle poursuivi. Tombée au sol, elle devient un arbre qui est récolté de manière durable et transformé en bois d’œuvre pour construire une maison qui sera assurée et entretenue par son propriétaire. Ce petit oiseau soutient la chaîne de valeur et a donc un impact positif sur nous tous. »

Une autre panéliste, Geneviève Morin, présidente-directrice générale de Fondaction, a pour sa part proposé une approche structurée en quatre ingrédients pour transformer le système financier et le rendre plus durable.

Ces ingrédients comprennent le développement de l’expertise, notamment la compréhension des nouvelles normes ESG (environnement, société, gouvernance), la mise en place de catalyseurs par des instances gouvernementales, comme le marché du carbone, l’octroi de subventions ou l’adoption de lois et règlements.

Il y a aussi la nécessité de mettre à l’échelle les solutions durables appliquées dans le cadre de petits projets dans les domaines de l’économie circulaire ou de l’agriculture générative, par exemple. « Il faut être capable de les mettre ensemble pour les faire grossir et inciter les financiers, qui s’intéressent peu aux petits projets, à embarquer », a-t-elle expliqué. Enfin, la collaboration entre les divers acteurs concernés, que ce soit les milieux financiers, les universitaires, les entreprises, le gouvernement et la société civile, est essentielle.