L’achat de Patrimoine Dundee par la Banque Scotia sera salutaire pour le marché canadien de la gestion de patrimoine, croit Bruce Jackson. En effet, cette transaction en précise les contours et définit quelles firmes sont indépendantes et lesquelles ne le sont pas.

En entrevue à notre site jumeau anglophone Advisor.ca, le président et chef de l’exploitation de la firme torontoise Cumberland Private Wealth Management pense que, désormais, les clients et les conseillers auront une idée claire des joueurs en présence. « Ils se regroupent dans deux camps : les distributeurs de produits, soutenus par les grandes banques, et les maisons qui se spécialisent dans l’analyse en placements. Dundee fait maintenant partie des distributeurs », dit-il.

Jusqu’à lundi dernier, Patrimoine Dundee était un véritable spécialiste de l’analyse en placements, comptant parmi son personnel plusieurs des meilleurs gestionnaires de fonds au pays dirigés par le légendaire Ned Goodman. Grâce à ses fonds Dynamique et ses services de gestion privée, Dundee représentait l’idéal de ce que devait être une firme indépendante de gestion de patrimoine.

Le problème, c’est que Dundee, comme toutes les autres sociétés de fonds communs au pays, était confrontée au diktat de la rentabilité. Résultat : elle concentrait ses efforts sur le contrôle des coûts au détriment du développement des affaires. Fini la croissance. Place à la rationalisation. En passant dans le giron de la Banque Scotia, elle aplanit cette difficulté et peut compter sur le vaste réseau de distribution de la Scotia pour écouler ses produits, même au-delà des frontières du pays.

Ce mariage de raison semble profitable aux deux. D’une part, Patrimoine Dundee bénéficiera de l’infrastructure de la Scotia pour multiplier ses ventes. D’autre part, la Scotia devient soudainement un géant canadien des fonds communs, affichant un produit au nom prestigieux.

Tout baignerait, donc. Pourtant, Bruce Jackson exprime certains doutes sur l’avenir de cette union. « Le penchant pour la distribution de produits est solidement ancré dans la culture bancaire. Il pourrait entrer en conflit avec les objectifs financiers des clients fortunés », dit-il. Par ailleurs, comment réagiront les clients nantis de Patrimoine Dundee ? Seront-ils heureux d’être associés à la Banque Scotia ?

« Pour que l’achat de Dundee par la Scotia connaisse du succès, il faudra que la Scotia adopte la culture de Dundee et l’intègre dans son unité de gestion d’actifs », croit Bruce Jackson.

Lui-même s’estime avantagé par la tournure des événements. Le marché canadien de la gestion de patrimoine se porte bien, dit-il. Les cabinets indépendants comme le sien n’ont pas besoin de l’appui financier des grandes banques pour continuer à prospérer. « Dundee, c’était différent. Sa structure d’entreprise, avec sa division de fonds communs, l’empêchait d’avoir du succès en tant que cabinet indépendant », souligne Bruce Jackson.

Maintenant que Dundee a été acquise par un distributeur, le ciel s’éclaircit. « Ce qu’il reste, ce sont des petites sociétés qui ne font pas de distribution. Les clients fortunés qui recherchent des firmes réellement indépendantes n’hésiteront pas à aller y faire affaire », affirme Bruce Jackson.