Les réactions négatives se multiplient depuis la confirmation par le ministre des Finances, Carlos Leitão, d’une révision du crédit d’impôt accordé en raison de l’âge.

Plusieurs organismes ont demandé au gouvernement mercredi de « revenir sur sa décision de priver 500 000 personnes aînées de leur crédit d’impôt ».

Dans un communiqué conjoint, l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR), l’Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP), l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ) et le Réseau FADOQ « exigent du gouvernement du Québec qu’il recule sur sa regrettable décision de hausser l’âge d’admissibilité au crédit d’impôt en raison de l’âge, accordé depuis 1972 aux personnes de 65 ans ou plus ».

« LES FAIBLES REVENUS SERONT LES PLUS TOUCHÉS »

Les quatre organismes déplorent que, pour l’année d’imposition 2016, l’âge d’admissibilité soit passé de 65 à 66 ans. Ils rappellent que Québec a prévu de le hausser graduellement jusqu’à atteindre l’âge de 70 ans en 2020. Chaque année, un peu plus de 100 000 personnes franchissent le cap des 65 ans, ce qui signifie que « d’ici cinq ans, ce sera environ 500 000 personnes nées à partir de 1951 qui seront privées de ce crédit d’impôt », soulignent-ils. Cela représente « une coupe de près de 300 millions de dollars sur le dos des aînés », selon eux.

« Ce sont les gens à faible et modeste revenu qui seront les plus touchés par cette mesure budgétaire. Il faut rappeler au ministre des Finances que le portrait des finances des aînés n’est pas aussi reluisant qu’il semble le croire », observe l’AQRP.

D’après des données de l’Institut Broadbent, reprises dans le communiqué, la pauvreté chez les aînés est ainsi passée de 3,9 % en 1995 à 11,1 % en 2013 au Canada, et « cette réalité est plus présente chez les personnes vivant seules et pire aussi pour les femmes seules, dont 30 % sont pauvres », insistent l’AQDR, l’AQRP, l’AREQ et le Réseau FADOQ.

« Par toutes sortes de mesures fiscales, le gouvernement s’acharne à appauvrir les aînés en pigeant directement dans leurs poches. Il ne cache même plus son intention première, qui est de repousser l’âge de la retraite. Il continue ainsi à creuser le fossé qui sépare de plus en plus les retraités québécois de ceux du reste du Canada », dénonce pour sa part le Réseau FADOQ.

DÉSHABILLER PIERRE POUR HABILLER PAUL

Le gouvernement soutient que les économies qui découleront de ces coupes permettront de bonifier le crédit d’impôt destiné aux travailleurs d’expérience. Mais les signataires du communiqué n’y voient qu’un écran de fumée. Selon eux, l’objectif de Québec est plutôt de « retirer un crédit d’impôt qui aidait des aînés en situation de vulnérabilité pour inciter ces derniers à retourner au travail ».

« Il s’agit d’une mesure régressive et choquante. Le gouvernement s’imagine-t-il que tous les aînés en situation de vulnérabilité seront aptes à retourner au travail? Si c’est le cas, nos élus sont terriblement déconnectés de la réalité », s’insurge l’AREQ.

Enfin, les quatre principaux organismes de défense des aînés du Québec invitent le gouvernement « à s’inspirer du ministre fédéral Jean-Yves Duclos », qui a récemment décidé de ne pas hausser l’âge de la retraite au Canada. Il y a quelques jours, ce dernier rappelait « l’importance de protéger les personnes âgées vulnérables, celles pour qui il est impossible, pour toutes sortes de raisons, de continuer leur participation sur le marché du travail ». Conclusion des signataires du communiqué : « une telle marque d’empathie devrait inspirer le gouvernement Couillard ».

UNE MESURE INSPIRÉE DU RAPPORT GODBOUT

Mardi, la question du seuil d’admissibilité s’est retrouvée au centre des débats à l’Assemblée nationale lorsque le chef caquiste François Legault a déclaré y voir une attaque dirigée contre le troisième âge. « Avec cette décision, le gouvernement libéral va aller chercher jusqu’à 500 dollars par personne dans les poches des aînés, et ce sont les aînés les plus vulnérables, ceux qui ne peuvent pas retourner au travail, qui vont être touchés par cette mesure », a-t-il alors déclaré.

Le ministre des Finances a répondu que cette mesure était inspirée du rapport Godbout sur la réforme fiscale. « L’objectif était de mettre en place des incitatifs [pour] que les travailleurs d’expérience, les travailleurs plus âgés, de 62, 63 ans, restent sur le marché du travail », a-t-il indiqué, précisant que les montants ainsi dégagés seraient réinvestis dans leur « totalité et même plus » pour bonifier le crédit d’impôt pour travailleur d’expérience.

De son côté, le premier ministre Philippe Couillard a rappelé que la hausse du seuil d’admissibilité au crédit d’impôt accordé en raison de l’âge faisait partie du budget déposé au printemps 2015 et qu’il ne s’agissait donc pas là d’une nouveauté.

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