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La montée de l’inflation, et avec elle des taux d’intérêt, va surtout punir les titres technos de nature plus spéculative, croit Murdo MacLean, gestionnaire de l’investissement chez Walter Scott, à Édimbourg en Écosse.

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« Nous avons historiquement été plus favorables aux technologies, mais la récente correction boursière nous a amené à rééquilibrer nos placements dans le secteur », dit Murdo MacLean.

Alors qu’en 2008, le portefeuille du gestionnaire était exposé à 15 % au secteur, contre 11 % en moyenne dans l’industrie, il y est aujourd’hui exposé à 33 %, contre une moyenne de 24 %.

« Les gens utilisent les technologies de nombreuses façons, grâce à l’innovation, au virage infonuagique, à la connectivité sans fil, et bien sûr à l’objet que nous avons tous en main, le téléphone intelligent. Le lien entre ces forces et les tendances de taux d’intérêt sont très difficiles à calculer », assure Murdo MaLean.

Selon l’expert, c’est l’innovation et l’évolution des comportements qui influencent le plus l’économie, et les politiques monétaires forment un « arrière-plan ». « Elles ne propulsent pas l’économie, c’est plutôt l’inverse », insiste-t-il.

« Bien sûr, si les taux grimpent, la valeur des flux de liquidités futurs descend, et avec elle les prix des actions. Cela n’est pas exclusif aux technologies, mais on entend l’argument selon lequel elles seront le plus punies par ce phénomène sous prétexte qu’elles ont mieux performé jusqu’ici. Il y a du vrai là-dedans, mais il faut distinguer au sein du secteur les entreprises qui ont suscité énormément d’optimisme mais pourraient ne pas être en mesure de satisfaire les attentes, des entreprises beaucoup plus fiables », soutient Murdo MacLean.

« Je parle d’entreprises qui sont capables de poursuivre leur croissance parce qu’elles l’ont déjà fait lors de corrections passées; qui ont une longue feuille de route constellée de réussites; et dont le modèle d’affaires est clairement établi et tangible. Il faut sortir ces titres-là du lot quand on souhaite commenter les effets négatifs de l’inflation et des taux d’intérêt sur les technologies », poursuit l’expert.

Il prend pour exemple le fonds ARK de la firme Cathie Wood, un fonds négocié en Bourse (FNB) très exposé aux technologies, qui a beaucoup souffert récemment.

« Huit des dix plus importants placements du fonds ne génèrent aucun profit, ou même perdent beaucoup d’argent. Pourtant, ces titres ont atteint des niveaux exorbitants de surévaluation au cours des 12 à 18 derniers mois. À présent que les capitaux commencent à se raréfier, en conséquence des hausses de taux, la tolérance au risque des marchés va baisser. On a pu le voir ces dernières semaines avec la chute de titres technos particulièrement spéculatifs, que l’on surnomme « Spec-Tech ». C’est sans doute dû au fait que beaucoup d’investisseurs ignoraient qu’ils étaient spéculatifs », analyse Murdo MacLean.

Alors comment faut-il rééquilibrer les placements technos face à l’inflation ?

« Nous choisissons des entreprises qui ont déjà connu des périodes d’inflation et qui savent comment y faire face. Leurs dirigeants ont ainsi pris des précautions pour ajouter de la souplesse à leurs opérations. Ce sont des entreprises qui sont capables de traverser une telle période pendant que d’autres souffrent des hausses de taux parce qu’elles sont surendettées, qu’elles n’ont pas les épaules assez larges, ou que leurs chaînes d’approvisionnement sont trop fragiles. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.