Juge donnant son verdict à la cour.
Photo : nejron / 123RF

Un groupe d’étudiants québécois aurait cloné des centaines de cartes bancaires canadiennes, puis effectué plusieurs retraits d’argent massifs dans des guichets automatiques aux États-Unis, rapporte La Presse.

Leur manière de procéder était ingénieuse, explique le quotidien. Pour contourner les mesures de sécurité en vigueur au Canada depuis l’arrivée des cartes à puces, ils auraient eu l’idée de copier des centaines de cartes sur support magnétique au pays pour ensuite organiser des voyages éclairs de l’autre côté de la frontière.

Une fois sur place, ils auraient introduit ces fausses cartes dans des guichets automatiques locaux, qui utilisent encore la technologie de la bande magnétique, et procédé à de nombreux retraits d’argent sous la forme d’avances de fonds. Les jeunes Québécois se seraient ensuite parfois rendus dans des agences de transfert de fonds électronique, d’où ils auraient envoyé cet argent à des amis.

L’ASFC DÉCOUVRE LE POT AUX ROSES

C’est l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) qui a mis la puce à l’oreille des enquêteurs américains le 29 mars dernier, indique La Presse. Ce jour-là, les douaniers canadiens ont fouillé le véhicule de deux Lavallois de 21 ans, qui revenaient au pays après un séjour d’une heure et demie dans le Vermont. Or, en examinant leurs téléphones, ils ont trouvé un formulaire d’achat d’un lecteur-encodeur de cartes magnétiques, ainsi qu’une liste d’environ 70 numéros de cartes de crédit ou de débit émises au Canada.

Après avoir laissé repartir les jeunes, l’ASFC et des représentants du département américain de la Sécurité intérieure ont cependant commencé à surveiller de près leurs allées et venues.

« Les suspects sont souvent revenus aux États-Unis, en voiture ou en autocar. Les services frontaliers américains les laissaient entrer, mais vérifiaient tout : leurs appareils électroniques, leur historique de navigation web, les contacts dans leurs cellulaires, leurs amis Facebook », détaille La Presse.

De semaine en semaine, les informations concernant le trafic s’accumulent, précise le quotidien. « Ils étaient souvent interrogés à la douane et des trous apparaissaient dans leurs récits. Souvent, ils disaient aller visiter une Lavalloise qui étudiait à l’Université du Vermont. Mais les enquêteurs avaient déjà fait des vérifications et savaient que la jeune femme n’avait jamais été inscrite dans cet établissement ».

QUATRE SUSPECTS ARRÊTÉS AUX ÉTATS-UNIS

Pendant ce temps, des banques de la région de Burlington, dans le Vermont, rapportent des centaines de cas de fraudes ou tentatives de fraude à l’aide de cartes de crédit ou de débit canadiennes clonées. Un guichet aurait même été utilisé, à lui seul, pour des retraits totalisant 54 000 dollars américains!

Dans un document judiciaire que le quotidien montréalais a pu se procurer, Kevin Doyle, le procureur américain chargé du dossier, évoque un stratagème « audacieux dans sa conception et effronté dans son exécution », qui pourrait avoir rapporté quelque 250 000 dollars américains à ses auteurs depuis mars, et qui durait peut-être depuis plus d’un an.

En effet, un membre du groupe s’était déjà fait remarquer par les douaniers canadiens en octobre 2015 alors qu’il revenait des États-Unis avec 11 000 dollars en liquide dans son sac de couchage.

Aujourd’hui, les auteurs présumés de ce trafic sont sous les verrous. Des agents du département de la Sécurité intérieure les ont interpellés le 24 octobre, alors qu’ils venaient d’arriver aux États-Unis.

Il s’agit de Mathieu Baaklini, 21 ans, livreur de pizza à Laval; Nicolau Dionne Manfredi, 21 ans, employé chez Costco et inscrit au certificat en administration des services publics à l’UQAM; Brandon Lo, 24 ans, étudiant à l’Université de Montréal; et Safwan Bensalma, 21 ans, étudiant à HEC Montréal et ex-agent de télémarketing à temps partiel pour la Fondation HEC.