Même avec des plans de relance, la Chine ne devrait connaître qu’une croissance très modeste à moyen terme, croit Éric Morin, analyste principal à Gestion d’actifs CIBC.

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Les perspectives de son équipe pour la Chine sont négatives depuis un an et le restent pour quatre raisons.

D’abord, l’effet Omicron : avec la cible « zéro COVID », la moindre efficacité des vaccins chinois, la faible immunité naturelle provenant d’infections antérieures, et le très bas taux de vaccination parmi les aînés, « le virus devrait demeurer une source de faiblesse économique, surtout pour les services », craint Éric Morin.

Ensuite, les fondamentaux du consommateur, déjà faibles avant l’arrivée d’Omicron, vont s’affaiblir encore davantage et « nuire au rebond cyclique ».

Troisièmement, les exportations nettes très élevées que la Chine a connues durant la pandémie, grâce aux plans de relance qui ont soutenu la demande dans les pays développés, devraient se renverser alors que les banques centrales de par le monde resserrent leurs politiques monétaires. « Le commerce extérieur qui était un vent portant devrait plutôt devenir une source de faiblesse économique », prévient Éric Morin.

Enfin, l’activité immobilière qui fut historiquement une grande source de croissance économique est arrivée au bout de son potentiel, selon l’expert. Il y a déjà une suroffre d’unités résidentielles au niveau national, d’autant plus problématique à long terme que l’on assiste à un recul démographique et un essoufflement de l’exode rural, qui avait tant alimenté la demande. La reprise ne pourra donc pas se baser sur le marché immobilier.

Dans ce contexte, la Chine devrait-elle recourir à un stimulus fiscal comme elle l’a fait à quatre reprises depuis la crise financière de 2008 ?

« Ses plans de relance avaient contribué significativement à la croissance mondiale, mais cette fois-ci, il ne devrait pas y en avoir », estime Éric Morin.

En effet, la Chine a peu de marge de manœuvre fiscale; ses déficits étendus qui étaient d’environ 15 % du PIB avant l’arrivée d’Omicron devraient grimper à 20 %. De plus, les idées profitables et faciles d’infrastructures viennent à manquer, et un stimulus trop précipité risquerait de déboucher sur des projets non viables. Et puis, les dirigeants savent bien qu’un stimulus important génère un effet négatif sur la croissance à moyen terme. L’expert s’attend donc à un « stimulus modeste, peut-être de 1 à 1,5 % du PIB », probablement ciblé sur la production d’énergie renouvelable.

« Cela devrait créer des industries gagnantes et d’autres perdantes. Celles qui en bénéficieront sont liées aux panneaux solaires, aux véhicules électriques, etc. Le cuivre devrait aussi bénéficier contrairement aux autres métaux plus cycliques. Quant aux perdantes, ce sont celles qui sont liées à la consommation discrétionnaire, comme les marques de luxe. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.