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Un accroissement de la concurrence est généralement vu d’un bon œil par les consommateurs, qui espèrent ainsi payer moins cher les produits et services qu’ils achètent. Dans le secteur des agences de notation financière toutefois, elle n’augure rien de bon.

Selon une analyse du Wall Street Journal, les agences de notation DBRS, Kroll Bond Ratings Agency et Morningstar tendent à accorder des notes plus élevées que les trois géants historiques du secteur, S&P Global, Moody’s et Fitch Ratings. En effet, pour gagner des clients et accroître leur part de marché, certaines agences de notation semblent se montrer plus laxistes dans leur processus de cotation.

Le Wall Street Journal rapporte que des signes semblent indiquer que l’arrivée de Kroll sur le marché européen du crédit structuré cet été a eu pour effet de diminuer les standards d’évaluation.

DBRS, Kroll et Morningstar se défendent en soulignant, à juste titre, que les différences entre les notations demeurent minimes, et que l’arrivée de nouveaux joueurs sur le marché, qui produisent des recherches supplémentaires, profite aux investisseurs.

UNE AGENCE PUBLIQUE?

Les craintes liées à un gonflement des notations sont surtout liées aux obligations structurées adossées à des prêts bancaires (collateralized loan obligations). Ces titres sont constitués de portefeuilles de prêts bancaires consentis à des sociétés endettées. En raison des taux d’intérêt historiquement bas, les investisseurs se tournent de plus en plus vers des titres à revenu fixe à rendement élevé comme les CLO.

C’est sur de tels titres que les notations de l’agence Kroll semblent plus généreuses comparativement à celles de ses concurrents.

Cela dit, les CLO ne montrent aucune signe de défaillance pour le moment, et les émetteurs de titres de crédit ainsi que les agences de notation se montrent beaucoup plus prudents qu’avant la crise de 2008.

Reste que les problèmes soulevés lors de la dernière crise financière concernant la notation des produits financiers n’ont pas été réglés. En Europe, les décideurs ont abandonné l’idée de créer une agence publique dépourvue d’intérêts commerciaux en autorisant plutôt l’arrivée de nouveaux joueurs sur le marché. Or, la perspective d’une concurrence accrue devrait effrayer les investisseurs, conclut le Wall Street Journal.