Réserve fédérale américaine
Photo : Mesut Dogan / 123RF

L’histoire porte à croire que les hausses de taux trop hâtives peuvent provoquer des récessions, rappelle Sam Lau, gestionnaire de portefeuille pour DoubleLine Capital, à Los Angeles.

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« Nous nous attendons à une volatilité persistance des taux d’intérêt dans les prochains mois, car la Réserve fédérale (Fed) est en train d’amorcer un programme de resserrement comme on n’en avait pas connu depuis les hausses de taux de la fin des années 70, quand Paul Volcker en était le patron », indique Sam Lau.

« La motivation est la même qu’à l’époque : contrer l’inflation, qui atteint des niveaux que l’on n’avait pas vus depuis 40 ans. Pour cette raison, on devrait rester loin de sa cible de 2 % du déflateur des dépenses de consommation, qui est son indicateur favori, pour encore plusieurs années », poursuit-il.

Selon l’expert, la Fed est favorisée par la vigueur de l’économie et du marché de l’emploi aux États-Unis. Les économistes prévoient une hausse du PIB réel de 3 %, et le taux de chômage plafonne à 3,6 %, son plus bas depuis les années 70. Les salaires augmentent également à une vitesse inédite depuis la fin des années 90. La Fed peut donc compter sur la résilience du marché de l’emploi pour soutenir l’économie à mesure qu’elle lutte contre l’inflation, sans pour autant plonger le pays dans une récession.

« La Fed nous a donné un aperçu de son plan en matière de hausses de taux et de resserrement quantitatif. Tous les indicateurs pointent vers une approche beaucoup plus agressive que lors du dernier cycle de resserrement de sa politique monétaire en 2015. Elle devrait avancer par paliers de 50 points de base et non 25 comme elle en avait l’habitude », note Sam Lau.

Selon lui, le marché anticipe déjà un taux cible des fonds fédéraux de 2,75 % d’ici la fin de l’année. Cela impliquerait des hausses cumulées de 250 points de base dans les dix prochains mois. Ce rythme est-il trop brusque ?

« Il est difficile de dire si la Fed va accomplir un atterrissage économique en douceur, c’est-à-dire une situation où les hausses de taux ne provoquent pas de récession au cours des six trimestres suivant la dernière d’entre elles », répond Sam Lau.

Depuis 1971, la Fed a connu neuf cycles de hausse des taux, et sept d’entre eux ont conduit à une récession. L’atterrissage en douceur n’a donc réussi que deux fois sur neuf, ce qui nous laisse avec un pronostic peu encourageant, d’après l’expert.

« Je ne dis pas qu’une récession est sur le point de commencer aux États-Unis, il est encore tôt pour affirmer de telles choses. La Fed a simplement entamé une démarche qui conduit souvent à une récession économique. Il faut bien noter que les récessions ne surviennent pas au cours des cycles de hausses de taux, mais bien lorsque la Fed change de direction et recommence à les baisser, au moment où elle se rend compte que l’économie ne peut plus absorber d’autres hausses. L’essentiel pour les investisseurs est de garder cette possibilité à l’esprit lorsqu’ils équilibrent leurs portefeuilles. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.