Les problèmes de la zone euro auraient pu être réglés il y a deux ans si les parlementaires européens avaient été plus proactifs dans leurs décisions économiques. Au contraire, les politiciens européens, notamment ceux de l’Allemagne, ont réagi plutôt a posteriori, graduellement et sous la pression de l’ampleur de la crise financière de leur continent. Le problème grec aurait lui aussi pu être résolu depuis deux ans.

Une tendance lourde se dessine en Europe : celle de l’installation graduelle d’un type de gouvernement fédéral qui intégrerait l’union monétaire pour les banques, la monnaie unique, la législation de politique budgétaire, des « eurobonds » ou des « project bonds ».

Contrairement aux Européens, les Américains et les Chinois sont proactifs, intervenant d’avance selon des projections des conséquences de telles ou telles décisions politiques. Au résultat, les Américains se sortent bien mieux de la crise et la Chine juge correctement les excès de croissance qui alimentent l’inflation et l’insuffisance de croissance.

Les marchés financiers traduisent une grande émotivité. Les pessimistes ne voient pas d’issue aux problèmes de la zone euro, comme si des solutions politiques ou économiques n’arriveraient pas à les résorber. Pourtant les politiciens sont élus pour résoudre des problèmes et créer une résilience dans un contexte où l’interdépendance économique à l’échelle planétaire est une réalité. Les interventions du G20 et du FMI visent à offrir un soutien, dans l’éventualité où les Européens n’arrivent pas à mettre en œuvre des solutions pour parer à leurs difficultés. L’investisseur rationnel investit en Europe en fonction des aubaines engendrées par un excès de pessimisme à l’égard de solides sociétés d’envergure.

Il y aura toujours des obstacles qui freineront les marchés. Toutefois, un investisseur a intérêt à examiner les tendances lourdes qui auront raison des craintes économiques et des hoquets des marchés. Ainsi, parmi les tendances bien amorcées, il y a celle du désendettement des pays avancés. (Voir article dans Les Echos)

Stratégies de placement
Dans un environnement de désendettement, les taux d’intérêt à moyen et à long termes devraient demeurer bas. Probablement que les taux actuels inférieurs à 2 % des obligations 10 ans du Canada sont exagérément bas. Ils étaient autour de 4 % il y a trois ans. Il y a un risque élevé de correction du marché obligataire au cours des deux prochaines années, mais pas de correction majeure, car dans une économie de désendettement, les taux demeurent bas.

Quant à lui, le marché immobilier canadien souffrira de cet environnement avec peu d’inflation et compte tenu de l’actuelle surévaluation.

À l’inverse des pays avancés en pleine période de désendettement, les pays émergents poursuivront leur importante expansion, et leurs actions et obligations devraient offrir de meilleurs rendements que ceux des pays avancés.

William-André Nadeau est chroniqueur financier. Il publie chaque deux semaines un billet traitant des marchés, de placements et de gestion.