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Les obligations gouvernementales deviennent de plus en plus attrayantes alors que s’annonce un ralentissement de l’activité économique, croit Éric Morin, analyste principal à Gestion d’actifs CIBC.

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« Nous croyons que les risques liés aux hausses de taux d’intérêt ont déjà été pris en compte par les marchés, mais ceux-ci sont peut-être trop optimistes quant à la capacité de l’économie d’absorber ces hausses sur une aussi courte période », indique Éric Morin.

Les marchés américains anticipent actuellement une hausse des taux de 200 points de base au cours des prochains mois, ce qui donnerait lieu à un taux directeur d’environ 3% en seconde partie de 2023. Selon l’expert, même si ce chiffre ne semble pas si important, la rapidité du changement devrait suffire à provoquer une décélération de l’activité économique; et le creux de ce ralentissement pourrait survenir dès la première moitié de 2023.

« On voit d’ailleurs que beaucoup d’entreprises ont d’ores et déjà réduit leurs anticipations de vente aux États-Unis », note-t-il.

D’autres facteurs pourraient contribuer à un ralentissement économique, comme le resserrement de la politique fiscale et les prix élevés de l’immobilier. Au bout du compte, des pressions à la baisse devraient s’exercer sur les taux d’intérêt et sur l’inflation.

« À moyen terme, les taux devraient donc reculer un peu, ce qui est positif pour le marché obligataire; ceci étant dit, l’inflation devrait demeurer relativement élevée », entrevoit Éric Morin.

« Dans ce contexte, les obligations gouvernementales sont plus attrayantes qu’elles ne l’étaient en début d’année. D’abord les taux ont augmenté, ce qui est positif, sans compter que les prix élevés des marchés par rapport aux anticipations de taux d’intérêt devraient mettre la table pour une performance positive du marché obligataire à moyen terme, au fur et à mesure que l’activité économique recule et que l’inflation ralentit. Lorsqu’on regarde nos indicateurs à long terme sur le marché obligataire, on voit des rendements moyens de 3 % sur les dix prochaines années, soit 1 point de pourcentage de plus qu’en début d’année. Donc on a des perspectives plus positives », explique Éric Morin.

Les investisseurs ont ainsi intérêt à rehausser leur pondération d’obligations gouvernementales, tout en gardant à l’esprit certains risques.

« Il y a d’abord le risque d’un ralentissement de l’économie mondiale, qui est plus élevé qu’à la normale dans un contexte où les banques centrales rehaussent leurs taux partout dans le monde, pendant que la Chine fait l’expérience d’une économie relativement faible. L’autre risque à considérer est une inflation plus prolongée que prévu, qui pourrait se matérialiser sous l’effet de la guerre en Ukraine qui continue de faire pression sur les prix de l’énergie et des aliments, mais aussi dans le contexte d’une offre insuffisante par rapport à la demande dans l’immobilier, ou encore si la croissance nord-américaine est plus forte qu’anticipé. Cela serait négatif pour les obligations gouvernementales. On peut toutefois atténuer ce risque en s’exposant aux matières premières, dont les prix sont actuellement affectés par des chocs d’offre négatifs. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.