Femme retraitée travaillant à l'ordinateur
Photo : Ridofranz / iStock

Le secteur de la finance manque le coche lorsqu’il s’agit d’inciter les femmes à investir au même rythme que les hommes, suggère un rapport commandé par BNY Mellon Investment Management.

Ce dernier, dont la recherche a été menée par Coleman Parkes Research, révèle ainsi que les produits et les caractéristiques des gestionnaires d’actifs sont davantage axés sur les hommes.

« [Le rapport] souligne que le stéréotype traditionnel de la personne qui s’intéresse à l’investissement est dépassé. Les jeunes femmes sont également intéressées par l’investissement, mais elles ont besoin d’être inspirées pour le faire », souligne Anne-Marie McConnon, responsable mondiale de l’expérience client chez BNY Mellon Investment Management.

Parmi les 100 gestionnaires d’actifs mondiaux interrogés pour le rapport, 86 % ont déclaré que le client par défaut qu’ils ciblent avec leurs produits est un homme. En outre, 73% de ces gestionnaires d’actifs ont noté que les produits d’investissement de leurs entreprises sont principalement destinés aux hommes, ce qui suggère qu’ils se concentrent sur les avantages et les caractéristiques qui attirent généralement plus les hommes que les femmes.

« En conséquence, les investisseuses potentielles sont confrontées à un langage, une imagerie et des messages destinés principalement à une clientèle masculine », comme les métaphores sportives à haut risque liées à la haute performance et à la réussite, soulève le rapport.

Il ajoute que la participation des femmes aux investissements est freinée par trois facteurs principaux.

Le premier est qu’en matière d’engagement, seuls 28 % des femmes, au niveau mondial, se sentent en confiance pour investir une partie de leur argent. « Avec si peu de femmes à l’aise pour investir une partie de leur argent, le besoin urgent d’une meilleure communication et d’un meilleur engagement est évident », commente le rapport.

Dans tous les aspects importants de la prise de décision financière, l’investissement est le domaine dans lequel les femmes se sentent le moins à l’aise, comparé aux décisions liées à l’épargne, à l’immobilier et aux pensions, selon le rapport.

Un deuxième facteur important est ce que le rapport appelle « l’obstacle du revenu ». En moyenne, à l’échelle mondiale, les femmes pensent avoir besoin de 4 092 dollars de revenu disponible par mois (soit environ 50 000 dollars par an) avant de pouvoir commencer à investir une partie de leur argent.

Pour les femmes, penser qu’elles ont besoin de cette somme d’argent pour investir est « clairement irréaliste », déclare le rapport.

« Pour le secteur de l’investissement, vaincre cette idée fausse et expliquer que seule une petite somme d’argent est nécessaire pour commencer à investir devrait être un objectif clé. »

Le troisième facteur majeur est ce que les auteurs appellent un « mythe du risque élevé ». Près de la moitié des femmes interrogées (45%) ont déclaré qu’investir de l’argent sur le marché boursier, que ce soit directement ou dans un fonds, est trop risqué pour elles. Seuls 9% des femmes ont déclaré avoir une tolérance au risque élevée ou très élevée. À l’inverse, 49% ont déclaré avoir une tolérance modérée au risque, et 42% ont déclaré avoir une faible tolérance au risque.

« Le secteur doit s’efforcer de mieux communiquer les risques et les avantages des investissements, en particulier dans le contexte des opportunités potentielles manquées par l’absence d’investissement, afin d’amener les femmes à participer à un dialogue sur les investissements qui soit à la fois juste et précis », avance le rapport.

Celui-ci a bénéficié de la participation de 8 000 femmes et hommes sur 16 marchés, ainsi que de 100 sociétés de gestion d’actifs dont les actifs sous gestion s’élèvent à environ 60 000 milliards de dollars.

L’étude utilise les données d’investissement du marché de détail de Cerulli Associates. Le rapport affirme que si les femmes investissaient au même rythme que les hommes, il pourrait y avoir 3,22 trillions de dollars supplémentaires disponibles pour l’investissement aujourd’hui. Ce calcul se base sur les volumes moyens des investissements détenus par les hommes et les femmes pour trouver la différence.