Les Suisses devront décider le 30 novembre s’ils veulent que leur banque centrale rapatrie 300 de ses 1 040 tonnes d’or stockées à l’étranger, rapporte FranceTVInfo.

Baptisée « Sauvez l’or de la Suisse », cette initiative sera soumise à référendum à la suite d’une campagne de l’Union démocratique du centre (UDC), un parti de droite populiste, qui a déposé une demande en ce sens en 2013 et a recueilli quelque 106 000 signatures de soutien.

Si elle n’est soutenue par aucun grand parti politique et même âprement combattue par le gouvernement fédéral et par la Banque nationale suisse (BNS), des sondages indiquent néanmoins que 44 % des citoyens helvètes y seraient favorables.

Un thème sensible

Si le « oui » l’emporte, la BNS devra arrêter de vendre de l’or fin et détenir au moins 20 % d’or dans son portefeuille. Elle disposera alors d’un délai de cinq ans pour augmenter sa part d’or et rapatrier les 30 % de son stock actuel qui sont entreposés hors du pays (20 % au Royaume-Uni et 10 % au Canada).

Aujourd’hui, le métal jaune représente moins de 10 % des actifs suisses, comparativement à plus de 60 % pour la France, l’Allemagne ou les États-Unis, par exemple. La Confédération est toutefois le pays qui détient la plus grande réserve d’or par habitant dans le monde.

Pour la droite populiste, seuls le retour des réserves sur le sol national et l’augmentation des stocks permettront à la Suisse de tirer son épingle du jeu en cas de nouvelle crise financière. Ses partisans accusent la BNS d’avoir vendu à rabais entre 2001 et 2006 quelque 1 300 tonnes d’or, puis d’avoir liquidé 250 tonnes supplémentaires pour acheter des devises étrangères.

Scénario rétrograde

« L’or est plus en sécurité chez nous en cas de crise. Il aura toujours de la valeur, alors que personne ne sait ce qu’il adviendra des devises des États surendettés », souligne dans Le Monde Luzi Stamm, député UDC et coprésident du comité à l’origine du référendum.

Dans le camp du « non », les membres du Conseil fédéral et les dirigeants de la BNS clament haut et fort que, même si le métal jaune demeure une valeur refuge, il n’est pas essentiel au bon fonctionnement de la Banque centrale et qu’il a perdu depuis longtemps sa fonction de valeur de référence.

« C’est comme si on nous demandait aujourd’hui de nous déplacer à nouveau à cheval », résume Cédric Tille, professeur d’économie et membre du conseil de la BNS.

Les partisans du « non » estiment en outre qu’une telle éventualité nuirait à la stabilité du franc suisse et empêcherait le pays de réagir efficacement en cas de crise.

Le prix de l’or manipulé ?

L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a annoncé avoir découvert des « tentatives évidentes » de manipulation des cours des métaux précieux au cours de son enquête sur la banque suisse UBS pour allégations de fraude sur le marché des changes, rapporte Reuters.

« Nous avons constaté que des collaborateurs avaient gravement violé les règles de comportement dans le négoce des devises ainsi que dans celui des métaux précieux », a déclaré le régulateur suisse.

Jusqu’à il y a quelques semaines, la fixation du prix de l’or à l’échelle mondiale était le fait de cinq banques, qui procédaient par conférences téléphoniques deux fois par jour. Toutefois, UBS ne figurait pas parmi les établissements participants.