Concept de croissance de devise de dollar avec des flèches vers le haut sur des diagrammes et des fond de pièces de monnaie.
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Le fait qu’une guerre ait éclaté entre deux pays producteurs d’énergie et d’aliments n’a fait qu’exacerber les difficultés économiques actuelles, souligne Adam Ditkofsky, gestionnaire de portefeuille pour Gestion d’actifs CIBC.

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« L’inflation est au centre des préoccupations des investisseurs, et la guerre n’a fait qu’aggraver le problème. La Russie compte pour 30 % du pétrole et pour 40 % du gaz naturel importés par l’Europe, et les risques de sanctions additionnelles pèsent sur les prix de l’énergie. En outre, la Russie et l’Ukraine produisent 20 % de l’orge et 14 % du blé au niveau mondial, et la Russie est un important fournisseur d’engrais, alors il n’est pas surprenant que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) prévoient des hausses de prix des aliments pour les humains comme pour les animaux pouvant aller de 8 % à 22 % au-dessus de leurs prix actuels, qui sont déjà élevés. Ajoutez à cela le relâchement des restrictions liées à la COVID-19 et les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, et il est clair que l’inflation va rester élevée pour un bon moment », observe Adam Ditkofsky.

L’expert note un fossé entre la situation actuelle et l’inflation transitoire que prévoyaient les marchés l’été dernier. Avec le plein emploi presque atteint au Canada et aux États-Unis, l’inflation risque fort de rester au-dessus des cibles annuelles de 2 % de la Réserve fédérale (Fed) et de la Banque du Canada.

« Du côté des marchés obligataires, on a déjà vu les rendements augmenter suite à la hausse de l’inflation, qui a atteint 8 % aux États-Unis. On s’attendait aussi à voir les deux banques centrales augmenter leurs taux rapidement et réduire les programmes d’apaisement quantitatif qui leur avaient permis de soutenir les marchés et de contrôler l’inflation pendant la pandémie. Les deux ont augmenté leurs taux d’un quart de point au mois de mars, et ont laissé entrevoir d’autres hausses ainsi qu’une contraction de leur bilan. Leur message sous-jacent est qu’elles feront tout leur possible pour contrôler l’inflation », poursuit Adam Ditkofsky.

En plus de monter ses taux pour la première fois en quatre ans, la Fed projette désormais six nouvelles hausses d’un quart de point cette année, au lieu des trois qu’elle avait annoncées en septembre. Elle entrevoit en outre une inflation supérieure à 4 % pour 2022, au lieu de sa prévision précédente de 2,7%, note l’expert.

Selon lui, l’inflation aura des conséquences négatives sur l’économie, surtout dans le contexte où elle croit plus vite que les salaires. Il note qu’en février, les salaires horaires réels ont même baissé de 2,6 % par rapport à l’année d’avant. Le plein emploi ne se traduit donc pas par une hausse du pouvoir d’achat, bien au contraire.

« C’est peut-être difficile de s’en rendre compte si on sort au restaurant dans une grande ville, par exemple, parce que les consommateurs ont les économies qu’ils ont accumulées pendant la pandémie, qui leur permettent d’absorber les hausses de prix. Mais les aides gouvernementales touchent à leur fin, ce qui crée un frein fiscal pour l’économie », dit Adam Ditkofsky.

Une croissance modeste est donc à prévoir, selon lui.

« La Fed a réduit de 4,1 % à 2,8 % sa prévision de hausse du PIB américain pour 2022. Pas plus tard qu’en décembre, on projetait une croissance du PIB de 3 % au Canada, mais il est probablement plus raisonnable de prévoir 2 %. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.