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Cette catégorie d’actifs aura du mal à répéter ses performances des derniers mois, croit Adam Ditkofsky, vice-président et gestionnaire de portefeuille à Gestion d’actifs CIBC.

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« Plus tôt cette année, avant l’arrivée de la Covid-19 au Canada, j’entrevoyais des risques et occasions en cas de volatilité accrue dans les marchés obligataires. À partir de mars, la Fed et la Banque du Canada ont fait chuter les taux d’intérêt tant à court qu’à long terme, ce qui a fait monter les marchés obligataires », commente Adam Ditkofsky.

L’expert note que l’indice canadien global FTSE était en hausse de 7,7 % au 31 août comparé à l’an dernier à pareille date. Et l’écarts entre les obligations de sociétés et les titres souverains s’est creusé : il est passé de 1 % fin janvier à 2,56 % fin mars, avant de se resserre à nouveau.

« Les investisseurs qui avaient surpondéré les obligations de sociétés quand l’écart s’est élargi ont vu leur portefeuille afficher de solides performances. Mais beaucoup de choses ont du se produire avant d’en arriver là. La Fed et la Banque du Canada ont ramené leurs taux près de zéro, et pour la toute première fois, elles ont mis en place des programmes d’achat de titres de sociétés pour raviver la confiance des investisseurs qui avait été durement touchée par la pandémie. Le programme de 10 milliards $ lancé par la Banque du Canada plusieurs semaines après celui de la Fed a été peu utilisé depuis, mais il a contribué à maintenir un climat de confiance chez nous aussi », croit Adam Ditkofsky.

« Notre gouvernement a multiplié les initiatives monétaires et fiscales et on a assisté à une réouverture progressive de l’économie, ce qui a aidé l’emploi, la mobilité et la consommation, qui sont des facteurs favorables pour le marché du crédit. Même si les risques de nouvelles vagues d’infection subsistent, Ottawa a démontré sa volonté d’appuyer les Canadiens dans cette période d’incertitude, ce qui devrait maintenir les rendements obligataires assez bas et soutenir les titres de sociétés », poursuit l’expert.

Bien sûr, l’arrivée d’un vaccin, d’un traitement ou d’une solution de test rapide profiterait aux marchés obligataires. Plusieurs sont actuellement en phase finale d’essais, note Adam Ditkofsky.

Dans les douze prochains mois, il entrevoit une performance très modeste des obligations du gouvernement du Canada, entre zéro et 1,5 %. Notre banque centrale et celle de nos voisins du Sud ont déjà annoncé leur intention de maintenir leurs taux à court terme au plus bas dans les prochaines années à venir, mais il est possible selon lui que les taux à long terme s’élèvent avec la reprise économique.

La Fed et la Banque du Canada ont toujours la possibilité de contrôler la courbe des rendements, c’est-à-dire d’imposer une limite aux rendements à long terme. Cette mesure a déjà été prise à la fin des années 40 aux États-Unis, et depuis 2016 au Japon où les taux à dix ans sont ciblés à zéro. En conséquence, l’expert n’entrevoit pas une hausse « agressive » des taux à moyen terme. « Cela irait à l’encontre de ce que nos gouvernements cherchent à accomplir », dit-il.

« Nous croyons que les obligations gouvernementales ont encore leur place dans les portefeuilles des investisseurs car elles apportent de la diversification, mais que les obligations de sociétés vont mieux performer dans les douze prochains mois. Cela dit, la performance ne sera pas aussi forte que ce qu’on a vu dans les six derniers mois. Une bonne partie de « l’argent facile » a déjà été empochée », dit Adam Ditkofsky.

« Parmi les obligations de sociétés, la catégorie du haut rendement offre de belles occasions aux investisseurs, mais tout comme pour la catégorie investissement, « l’argent facile » est derrière nous. Les écarts de rendement avec les obligations gouvernementales sont redescendus de leurs sommets à plus de 10 % du mois de mars, et se sont resserrés de près de 80 % depuis lors », observe-t-il.

L’expert croit que le haut rendement va performer davantage que les autres catégories d’obligations dans les douze prochains mois.

« Bien sûr, L’analyse fondamentale reste essentielle pour le choix des titres, car beaucoup sont liés aux secteurs de l’énergie, des services ou de l’hôtellerie. Il faut donc bien comprendre ce que font les entreprises et étudier leur crédit avant de faire ce type d’investissement. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.