Des élus britanniques ont rendu public mardi un rapport confidentiel concluant que Royal Bank of Scotland (RBS) a pénalisé ses clients en difficulté pendant et après la crise financière de 2008, rapporte Reuters.

« Les conclusions de ce rapport sont scandaleuses », a immédiatement réagi Nicky Morgan, qui préside la Commission parlementaire du Trésor (Treasury Select Committee, ou TSC). Dans un communiqué cité par Reuters, la TSC indique avoir accepté de publier immédiatement la totalité du document, contre l’avis des autorités réglementaires, afin que les Britanniques soient au courant des conditions exactes dans lesquelles la banque a été renflouée par les pouvoirs publics, qui y ont injecté plus de 45 milliards de livres (80 milliards de dollars canadiens) en 2008.

La Financial Conduct Authority, qui avait commandé le rapport, s’était pour sa part déclarée hostile à une publication intégrale du document pour l’instant.

« LA PRIORITÉ N’ÉTAIT PAS LA SANTÉ DES CLIENTS »

« La grande priorité à tous les niveaux de GRG [l‘entité de restructuration de RBS après son sauvetage par l’État] n’était pas la santé ni la solidité de ses clients, mais la génération de revenu pour RBS, à travers des commissions sans fondement, des taux d‘intérêt élevés et l’acquisition d‘actions et d’actifs immobiliers », a résumé Nicky Morgan.

Citant les conclusions du rapport, Reuters précise que GRG a traité environ 12 000 dossiers d’entreprises en difficulté entre 2007 et 2012 et que, sur 117 sociétés jugées potentiellement viables, 92 % ont subi un traitement inadapté par RBS, ce qui a mené 16 % d’entre elles à se retrouver dans une « situation financière critique ».

Le rapport attribue ces problèmes à des fautes de en matière de gouvernance, « ce qui signifie que les objectifs commerciaux de GRG ne tenaient pas compte des risques qu’ils faisaient peser sur les clients qu’elle devait aider », note Reuters.

PLAINTES POUR HARCÈLEMENT ET INTIMIDATION

« Ce n’était pas, d’après nous, le résultat de décisions prises par des dirigeants locaux mais un phénomène endémique. (…) Il s’agissait d’une défaillance dont la direction de GRG était consciente (ou aurait dû être) », souligne le rapport. Pour étayer ses affirmations, celui-ci fournit plusieurs exemples de comportements inadéquats de la part des dirigeants d’alors.

Ainsi, détaille Reuters, « un document écrit par un chef d’équipe dans un des bureaux de GRG détaillait les moyens de tirer plus d‘argent des clients en difficulté, avec une invitation à une séance de formation intitulée : « Comment obtenir qu’un client accepte des commissions rondelettes et qu’il vous en remercie » ». De même, lorsqu‘un magasin géré par GRG a fait faillite, des employés de la banque ont été encouragés à se servir. Enfin, le rapport mentionne plusieurs cas de plaintes pour harcèlement et intimidation.

Dans un communiqué cité par l’agence de presse, RBS déclare « regretter profondément » la manière dont plusieurs clients ont été traités. Mais la banque se défend en affirmant que, depuis 10 ans « sa culture, sa structure et sa manière de fonctionner ont fondamentalement changé ». Par ailleurs, elle dément les accusations les plus graves émanant de ses clients à l’effet qu’elle aurait volontairement acculé à la faillite certaines entreprises dans le but de récupérer leur actif à bas prix.

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