Tous les ménages devraient budgéter des montants servant à financer un fonds d’urgence, disent en choeur les experts interviewés par Morningstar Canada.

En effet, un fonds d’urgence finira un jour ou l’autre par être utilisé. À court terme : pour pallier une perte de revenus consécutive à une cessation d’emploi, payer les réparations inattendues d’une auto qui vieillit, le toit qui se met soudainement à fuir, etc. À long terme : pour aider à soutenir un parent âgé en perte d’autonomie, des dépenses liées à un décès, une retraite qu’on croyait être confortable, etc.

« Vous vous faites des illusions si vous pensez que vous êtes trop jeune ou trop vieux pour avoir besoin d’un fonds d’urgence. Au cours de la dernière crise financière, nous avons vu de nombreux fonds de pension se planter, et si vous n’avez pas un fonds d’urgence, quel qu’il soit, lorsque vous êtes plus âgé, vous pourriez comme certaines personnes actives être à un mois de salaire de la catastrophe financière », explique Laurie Campbell, directrice générale de l’organisme de conseil Crédit Canada, l’une des spécialistes interrogées par Morningstar Canada.

La règle d’or en planification budgétaire veut qu’on mette de côté trois mois de dépenses courantes pour les situations d’urgence. Pour certains ménages, cela pourrait représenter 3 000 $ par mois de dépenses courantes, soit une réserve de 9 000 $ ! Quant à ceux qui roulent carrosse, cette somme peut s’élever à 30 000 $…

En théorie, une réserve de trois mois semble raisonnable. Toutefois, de nombreuses familles n’ont pas les ressources financières nécessaires pour économiser autant, surtout avec les dettes ménagères qui augmentent. Dans une telle situation, il faut souscrire une marge de crédit auprès d’une institution financière afin d’avoir du capital en cas de coup dur inattendu.

Par définition, un fonds d’urgence doit être facilement accessible. On privilégiera donc les placements liquides et sûrs. Pas question de spéculer avec des produits de croissance, comme des actions ou des fonds communs d’actions. Un compte d’épargne à intérêt élevé peut très bien faire l’affaire, note Morningstar Canada.

Placer cette réserve de liquidité dans un CELI, est-ce judicieux ? Un autre expert consulté, Larry Moser, ne le croit pas. Il préférerait qu’on choisisse le CELI plutôt comme instrument d’épargne-retraite. « Pourquoi ne pas profiter du fait que le gouvernement nous permette de mettre de l’argent de côté et de le laisser croître sans impôt dans un compte non enregistré, au lieu de l’utiliser comme un compte pour les fonds d’urgence ? », demande celui qui est directeur des ventes régionales pour l’Est de l’Ontario chez BMO Groupe financier.

Bien que cette réserve doive demeurer liquide, rien n’empêche de la gérer de manière dynamique. Par exemple, admettons qu’un ménage consacre 500 $ par mois pour constituer un fonds d’urgence. Il peut prévoir 400 $ pour l’épargne à court terme et 100 $ pour l’épargne à long terme. Une fois que le montant représentant trois mois de dépenses courantes est atteint, il peut alors affecter tous les 500 $ à l’épargne à long terme. Les stratégies de gestion sont nombreuses.

Quelle que soit la façon avec laquelle on gère un fonds d’urgence, l’important est de l’intégrer dans un budget familial. Que ceux qui partent à zéro ne s’en fassent pas : l’idée est de commencer petit, mais d’économiser avec constance, à chaque période de paie si nécessaire. « Les fonds d’urgence sont une nécessité pour pratiquement tout le monde, et ce, à tout âge », conclut Morningstar Canada.