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Nouveau venu sur le marché, Karma Assurance permet de comparer les offres d’assurances vie via son application web et de finaliser l’achat avec un conseiller maison.

Des comparateurs d’assurances vie, il y en a déjà quelques-uns sur la toile. On sait comment cela fonctionne : dès le prix calculé, les clicassure.com, soumissionassurancevie.ca ou encore assurance-vie-parcourriel.com de ce monde revendent leurs informations à un réseau de courtiers bien contents de pouvoir ferrer de nouveaux clients.

« Chez Karma Assurance, nous faisons tout, explique Isabelle Bouchard, vice-présidente marketing et cofondatrice de l’entreprise. Les gens, notamment les plus jeunes mais pas seulement, sont habitués à pouvoir finaliser un achat sans sortir de chez eux et sans jamais avoir à recevoir quelqu’un à la maison. » Selon elle, les dernières études démontrent qu’ils s’attendent à la même chose en matière d’assurance vie.

Karma propose ainsi un blogue permettant de trouver de l’information sur les différentes assurances et les besoins que les clients peuvent éprouver. Point central du site internet : le comparateur. L’internaute est alors invité à répondre à une batterie de questions qui vont le guider dans cet univers souvent nouveau pour lui.

UN CONSEILLER POUR FINALISER

Pour autant, il ne s’agit pas d’une solution sans conseil, précise Mme Bouchard. « Nous avons des conseillers prêts à répondre aux questions et à analyser les besoins par l’intermédiaire du chat, du téléphone ou encore du courriel. Bref, nous ne recherchons pas le meilleur coût à tout prix, mais bien le produit le plus adapté. »

Une fois ce produit trouvé, reste à finaliser l’achat. Un conseiller de Karma Assurance appelle alors le futur assuré afin de remplir pour lui, par le partage d’écran, la proposition électronique. Tous les assureurs avec lesquels la jeune entreprise fait affaire ont en effet numérisé leurs procédures et utilisent la signature électronique.

« Le conseiller en profite également pour revoir le dossier et confirmer ainsi les besoins du client, ajoute la cofondatrice. Et si ces besoins semblent particuliers, alors là, et seulement là, un conseiller se déplace chez lui. » Pour ce faire, ils ont un partenariat avec Aurrea Signature.

Même en étant à 100 % numérique dans la grande majorité des cas, l’opération ne laisse donc pas le client face à lui-même, seul devant son écran et son manque d’éducation en matière financière. De quoi rassurer les plus hostiles à la vente d’assurance vie en ligne?

EN ATTENDANT LA LOI

En décembre dernier, Option consommateurs publiait une étude intitulée Protection des consommateurs et distribution de produits d’assurance en ligne : des enjeux inconciliables? Rejetant l’idée de permettre à l’internaute de choisir son assurance sans jamais parler à un conseiller, celle-ci appuyait justement un modèle de souscription hybride. L’association de défense des consommateurs était à l’aise avec l’idée de fournir l’information en ligne, si tant est qu’au final un représentant certifié s’assure que le produit est adapté aux besoins du client et communique avec ce dernier pour lui éviter de se retrouver en situation de sous-assurance ou de surassurance, principal argument des réfractaires à la vente d’assurance vie en ligne.

Le service offert par Karma Assurance n’inclut pas de vente directe, qui est par ailleurs non prévue par la Loi sur la distribution des produits et services financiers (LDPSF).

Le remaniement de la loi est en cours et le nouveau projet, initialement prévu pour ce printemps, devrait être présenté à l’automne. Les modalités de vente des produits d’assurance vie devraient alors être modifiées pour répondre aux attentes d’une population de plus en plus connectée et encline à faire ses achats sur Internet. Au point d’en permettre la vente directe?

VERS LA VENTE DIRECTE?

En entrevue à Conseiller ce printemps, la présidente de la division québécoise de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP-Québec), Lyne Duhaime, plaidait pour un éclaircissement de la loi.

« Il n’est pas clairement interdit de vendre des assurances via Internet, soulignait-elle. En fait, ce n’est pas prévu, tout simplement parce que la question n’existait pas lors de la dernière mouture du texte. Nous souhaitons que cette possibilité soit officiellement inscrite et que l’on distingue formellement les produits qui peuvent être vendus en ligne de ceux qui ne le peuvent pas. »

Mme Duhaime croit ainsi que si certains produits complexes comme l’assurance vie universelle ne seront jamais vendus sans faire appel à un conseiller, pour d’autres, la vente directe pourrait être imaginée. Un point de vue que partage Isabelle Bouchard, de Karma Assurance.

« Nous avons hâte de voir la nouvelle mouture de la loi, conclut-elle. Nous pensons également qu’une minorité de gens voudront tout faire de A à Z sans jamais parler à un conseiller. Mais pour des petites assurances vie temporaires offrant une couverture peu élevée, pourquoi pas? C’est au régulateur de protéger le consommateur, donc d’estimer ce qui est risqué et ce qui ne l’est pas. Quant à nous, nous nous conformerons. »