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Renormalisation de l’économie, propagation du virus, retranchement des politiques fiscales et monétaires, pressions sur les prix de l’énergie, tensions avec la Russie : les sources d’incertitude ne manqueront pas en 2022, prévoit Luc de la Durantaye, chef des placements, gestion d’actifs CIBC.

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« On peut s’attendre à une plus grande normalisation de l’économie mondiale en 2022. Les politiques fiscales et monétaires extraordinaires qui ont beaucoup influencé l’économie durant la pandémie vont progressivement laisser place à une croissance de l’économie réelle. On devrait voir les entreprises renflouer leurs inventaires qui sont actuellement bas, les consommateurs rééquilibrer leurs achats vers plus de services et moins de biens, et les entreprises investir beaucoup plus dans les nouvelles technologies et l’amélioration de leur chaîne d’approvisionnement », entrevoit Luc de la Durantaye.

L’expert estime que la croissance mondiale devrait osciller entre 3,8 % et 4 %; une prédiction en deçà du consensus, pour faire changement des deux dernières années de pandémie où il s’était trouvé au-dessus.

Et l’inflation ? Elle devrait connaître une normalisation au niveau de la plupart des produits de consommation, mais les salaires et l’immobilier vont la maintenir au-dessus des cibles de 2 %, selon lui.

Mais le contexte actuel offre son lot de variables difficiles à évaluer, prévient-il.

« On ne peut faire de prévisions économiques sans faire de prévisions sur la pandémie. On peut présumer qu’avec la vaccination et l’augmentation des cas à cause d’Omicron, le degré d’immunité est plus élevé dans la population. Il y a aussi des thérapies qui vont aider à contrôler le virus. L’économie mondiale va progressivement vivre avec le virus sans en subir les mêmes impacts économiques qu’avant », dit Luc de la Durantaye.

« Il y a aussi le retranchement des politiques fiscales et monétaires. Il faut se souvenir qu’elles ont eu un impact énorme [lorsqu’elles ont été mises en place], et l’impact d’un retranchement est très incertain. Je vous donne un exemple : le bilan de la Réserve fédérale américaine (Fed) est près de 9 billions de dollars alors qu’il était à 4 avant la pandémie. Pour y revenir, il faudra réduire la liquidité dans les marchés financiers et le système bancaire, comme ça n’a jamais été fait par le passé », poursuit l’expert.

Enfin, plusieurs questions politiques et géopolitiques vont connaître des développements en 2022, selon Luc de la Durantaye.

« Il faudra surveiller les élections de mi-mandat aux États-Unis au mois de novembre; l’économie américaine est très polarisée donc cela va créer des tensions. Il y aussi l’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole) qui augmente graduellement sa production; cela va amener les prix du pétrole à quels niveaux ? Enfin, les tensions entre la Russie et les États-Unis et l’Europe jouent aussi sur les prix de l’énergie et des matières premières. Avec tout cela, on a une année chargée en perspective. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.